De nombreux Insulaires souffrent de diabète de type 2. Cette maladie chronique touche une population âgée en surpoids. La proportion de personnes diabétiques serait plus élevée chez les francophones de la province. Avec le vieillissement de la population, le fardeau de cette pathologie va s’amplifier dans les années à venir.
À l’Île-du-Prince-Édouard, la prévalence du diabète, c’est-à-dire la part de malades dans la population, est de 11 % contre 10 % au niveau national.
La quasi-totalité des cas de diabète rapportés est de type 2. Cette maladie chronique apparaît majoritairement chez les personnes âgées de plus de 40 ans, souffrant d’obésité et de surpoids, en lien avec une alimentation défavorable, une consommation de tabac et d’alcool importante et un manque d’activité physique.
Ces facteurs de risque sont omniprésents au sein d’une population insulaire vieillissante où l’âge médian est de 44,5 ans et 19,4 % des habitants ont plus de 65 ans.
Plus de deux adultes sur trois sont également en surpoids ou considérés comme obèses dans la province. L’alimentation des insulaires est trop riche en viande et en sucres : 73 % d’entre eux ne mangent pas assez de fruits et légumes.
Le tabagisme est par ailleurs toujours présent à l’Île-du-Prince-Édouard avec près de 17 % des adultes qui fument.
Francophones plus à risque
«l’Île-du-Prince-Édouard a l’une des populations rurales les plus importantes de toutes les provinces. Pour les personnes atteintes de diabète, l’accès aux soins est plus difficile dans ces zones de campagne», ajoute Saïd Mekary, directeur de recherche au sein du Centre de formation médicale du Nouveau-Brunswick de l’Université de Moncton.
Selon le professeur de médecine, les francophones sont plus susceptibles d’être affectés par cette maladie chronique que les anglophones.
«Il y a très peu d’études sur le sujet, aucune donnée chiffrée, mais globalement les francophones en milieu minoritaire sont en moins bonne santé que les anglophones», rapporte-t-il.
Saïd Mekary explique que les francophones sont généralement plus âgés, avec un niveau d’éducation et des revenus socio-économiques plus faibles. Ils se nourrissent par ailleurs moins bien.
D’après un rapport de l’Agence de santé publique du Canada sur le diabète, publié en octobre 2022, les personnes aux revenus les plus bas ont deux fois plus de risque de souffrir de diabète que les plus aisées.
L’éducation joue aussi : les personnes qui ont un diplôme d’étude secondaire ou moins ont 3,7 fois plus de risque d’être diabétiques que les personnes qui sont diplômées de l’université.
Une maladie «largement évitable»
Saïd Mekary appelle à améliorer les programmes de prévention et à développer des actions spécifiques pour les communautés francophones. Il veut à tout prix éviter les complications liées au diabète, comme les lésions de la rétine, la cécité, ou encore l’amputation en cas d’ulcère du pied.
«On parle d’une pathologie chronique non transmissible largement évitable si les gens modifient leurs habitudes et leurs comportements à risque, insiste le chercheur. Les politiques publiques doivent miser sur l’éducation à des modes de vie plus favorables et à une alimentation plus saine.»
Avec le vieillissement de la population, le nombre de personnes diabétiques devrait connaître une hausse drastique. Saïd Mekary parle d’un risque de diabète deux fois plus élevé en 2030. À l’Î.-P.-É., le taux de prévalence devrait passer à 13 % en 2033 selon Diabètes Canada.
Le professeur de médecine se veut néanmoins rassurant : «Avec les progrès de la science, le diabète est potentiellement réversible s’il est diagnostiqué et pris en charge à un stade précoce de son évolution.»