Le taux de mélanomes, principalement favorisé par l’exposition au soleil, est plus élevé à l’Île-du-Prince-Édouardque dans le reste du pays. Des mesures de prévention simples permettent pourtant d’éviter ce cancer de la peau mortel.
Les Insulaires ne se protègent pas assez face aux méfaits du soleil. C’est ce qu’il ressort d’une étude de l’Université McGill, à Montréal.
Selon les résultats de cette recherche, l’Île-du-Prince-Édouard et la Nouvelle-Écosse ont les taux d’incidence du mélanome les plus élevés au pays. Dans les deux provinces, la moyenne est de 30 cas pour 100 000 habitants, contre 20 cas pour 100 000 habitants au niveau canadien.
Plutôt localisé sur le dos et le crâne chez l’homme et sur les membres chez la femme, le mélanome est une tumeur maligne pigmentée des cellules de la peau appelées mélanocytes. Il peut se développer à partir d’un grain de beauté.
«C’est le cancer de la peau le plus grave et le plus mortel», affirme Elena Netchiporouk, professeure adjointe en dermatologie à l’Université McGill, coauteure de l’étude.
Au Canada, le mélanome représente 1,9 % de tous les décès causés par le cancer chez l’homme et 1,2 % de tous les décès provoqués par le cancer chez la femme.
Mythe de la crème solaire
«Le mélanome est principalement favorisé par l’exposition aux rayons ultraviolets du soleil, surtout lorsque celle-ci est intense, intermittente et a lieu durant l’enfance», poursuit Elena Netchiporouk.
Selon la dermatologue, les personnes d’un niveau socio-économique élevé s’exposent sans protection au soleil durant leurs loisirs, à la plage l’été ou pendant leurs vacances dans le sud. De leur côté, les groupes moins favorisés s’exposent durant leur travail en extérieur, dans les champs, en mer ou sur les routes.
Le mélanome affecte par ailleurs plus les hommes que les femmes, sauf dans le cas des tumeurs qui apparaissent sur les extrémités comme les doigts. «Cette différence est probablement due à une plus grande exposition aux rayons ultraviolets dans les salons de manucure», avance Elena Netchiporouk.
Les taux d’incidence du mélanome sont également supérieurs chez les personnes âgées de plus de 60 ans. «Le risque d’être atteint d’un cancer de la peau augmente avec l’âge, sans doute en raison des expositions cumulées aux rayons ultraviolets du soleil durant l’adolescence, la vingtaine et la trentaine», explique Elena Netchiporouk.
Face aux risques solaires, les gestes de prévention ne sont pas toujours bien suivis et les idées reçues tenaces.
«Le mythe selon lequel il suffit de se mettre de la crème solaire pour s’exposer sans danger pendant des heures perdure, regrette la dermatologue. Les coups de soleil sont dangereux, mais le bronzage l’est également, ça témoigne d’une protection solaire inadaptée.»
Vêtements anti-UV
Elena Netchiporouk appelle à mettre fin à l’impératif social et au canon esthétique que constitue le bronzage.
«On n’a pas besoin de bronzer pour être heureux. C’est très important d’accepter le teint naturel de sa peau et de le préserver le plus possible», insiste-t-elle. Contre les dangers du soleil, la spécialiste préconise l’usage d’un chapeau, de lunettes de soleil et de vêtements anti-UV, conçus pour la baignade et la pratique de sports en plein air.
«C’est plus efficace, plus pratique et moins cher que la crème solaire qu’il faut appliquer généreusement et très régulièrement», estime-t-elle.
Elena Netchiporouk invite également à ne pas s’exposer entre 10 h et 16 h, tranches horaires durant lesquelles les rayons UV sont les plus intenses.
Alors qu’un Canadien sur trois souffrira d’un cancer de la peau, les mesures de prévention sont essentielles dès le plus jeune âge. «Il faut faire plus d’éducation et de sensibilisation dans les écoles, avoir des distributeurs de crème solaire à disposition», plaide Elena Netchiporouk.
À l’heure du réchauffement climatique, il y a urgence : une hausse de 2,5 degrés Celsius peut augmenter le risque de cancer de la peau de 15 %.