À l’Île-du-Prince-Édouard, la Commission scolaire de langue française (CSLF) manque de psychologues scolaires. Les enseignants, des travailleurs jeunesse et des conseillers scolaires tentent de répondre aux besoins des élèves. Mais selon la CSLF, la santé mentale des jeunes ne s’est pas forcément détériorée ces dernières années.
À l’Île-du-Prince-Édouard, comme partout au pays, les psychologues scolaires sont une denrée rare. Au sein de la Commission scolaire de langue française (CSLF), le poste est vacant depuis quelques années déjà.
La direction de la CSLF a dû faire appel aux services d’une psychologue du Nouveau-Brunswick. La praticienne vient régulièrement dans les six écoles francophones pour faire des évaluations et répondre aux besoins des élèves. Durant cette année scolaire, elle va venir à trois reprises, pendant une à deux semaines à chaque fois.
Pour pallier le manque de psychologues, des travailleurs jeunesse et des conseillers scolaires aident les jeunes au quotidien. Ils sont un ou deux par école, selon la taille de l’établissement. Mais là aussi, la CSLF est confrontée à une pénurie. L’École La-Belle-Cloche cherche toujours son conseiller scolaire. «On utilise au mieux qu’on peut les ressources que l’on a», réagit Vénessa Tessier, coordinatrice des services aux élèves au sein de la CSLF.
Équipes de bien-être scolaire
Les travailleurs jeunesse répondent aux situations d’urgence, à des demandes d’aide ponctuelles, tandis que les conseillers scolaires accompagnent des élèves sur le long terme. Les jeunes peuvent solliciter une rencontre de leur propre chef, ou être référés par leurs enseignants.
«Les conseillers outillent les élèves les plus fragiles pour qu’ils se sentent mieux, ils font le pont entre l’école et la famille. Certains jeunes ont des temps réservés par semaine avec un conseiller», détaille Vénessa Tessier.
Aux yeux de la coordinatrice, les enseignants jouent aussi un rôle clé pour préserver la santé mentale de leurs élèves : «Ils sont en première ligne, ce sont eux qui sont à l’écoute tous les jours, qui développent une relation de confiance».
Pour les problèmes les plus graves, les enfants et adolescents sont renvoyés vers les équipes provinciales de bien-être scolaire, composées d’infirmières, de cliniciens en santé mentale, ou encore des ergothérapeutes. Seul problème, les professionnels au sein de ces équipes ne parlent pas toujours français.
L’angoisse climatique, un levier d’actions
Combien d’élèves de la CSLF sont en souffrance psychologique? Vénessa Tessier ne préfère pas trop s’avancer sur les chiffres : «Je dirais que 10 à 15 % de notre population ont des besoins réguliers avec les travailleurs jeunesse». Avant d’insister : «Ça varie beaucoup, c’est vraiment difficile à évaluer».
La coordinatrice ne constate pas une forte détérioration de la santé mentale des jeunes ces dernières années. «Leur santé mentale est fragile, il y a de grands besoins, mais c’est au niveau de toute la société, les temps changent et deviennent plus instables», note-t-elle.
Elle n’observe pas non plus d’angoisse marquée des jeunes francophones quant au sort de la planète, et aux effets de la crise écologique. «Mais si cette angoisse commençait à apparaître, il faudrait la voir comme quelque chose de positif, souligne-t-elle. Ça voudrait dire que les jeunes sont conscients du problème, qu’ils se posent des questions par rapport à leur environnement.»
Vénessa Tessier y voit un levier pour faire des jeunes des militants, engagés pour l’écologie au sein de leur école : «Ça passe par des gestes simples, comme promouvoir le compost ou les gobelets recyclables».