Patrimoine
Par Jacinthe Laforest
Georges Arsenault, lors de sa causerie du 27 octobre au Musée acadien de l’ÎPÉ. (Photo : J.L.)

Pour une troisième année de suite, le Festival du pâté acadien aura lieu dans les six régions de l’Île.  En 2023, le concours avait attiré deux fois plus de participation qu’en 2022.  On peut dès à présent s’inscrire et mettre au point sa recette dans la catégorie choisie.  Comme l’a expliqué Georges Arsenault lors de sa causerie du 27 octobre, le pâté est un mets très ancien. 

Autrefois, cette période plus froide de l’année aurait été la saison idéale pour tuer le cochon et faire des réserves.  Comme Georges Arsenault l’a souligné dans sa causerie au Musée acadien récemment, le porc était omniprésent dans le menu de très nombreuses familles.  Les pâtés acadiens, qu’on mangeait presque exclusivement à Noël, étaient surtout faits de viande de porc, mais aussi de lapin des bois, du lièvre.  

«C’est seulement les familles qui avaient plus de moyens qui pouvaient ajouter du poulet.  On ne tuait pas des poulets très souvent.  L’automne, on tuait les jeunes coqs et, de temps à autre, lorsqu’une poule devenait trop vieille pour pondre, on la tuait.  Il fallait la faire cuire longtemps», note-t-il.  

«Selon moi, le pâté acadien est peut-être le mets le plus ancien parmi les mets qu’on associe à l’Acadie.  On en trouve dans toutes les régions acadiennes, contrairement à d’autres mets qui sont plus régionaux.  C’est probable que ça existait même en France, chez nos ancêtres», a indiqué le conférencier.  

À l’opposé, les poutines râpées sont localisées dans certaines régions du Nouveau-Brunswick et de l’Île-du-Prince-Édouard.  Quelques familles à Prince-Ouest auraient ce mets dans leurs traditions.   

La tradition des mets aux patates râpées, aujourd’hui associés à l’Acadie, ne serait peut-être pas acadienne, mais plutôt allemande.  Le beignet râpé, par exemple, serait servi en Allemagne, sous un autre nom évidemment, ainsi que des mets qui ressemblent à de la râpure.  

D’ailleurs, les patates n’étaient pas cultivées par les Acadiens ni en France à cette époque d’ailleurs.  «Les gens ne faisaient pas confiance aux pommes de terre.  Ils trouvaient que ça n’avait pas de goût et que c’était juste bon à donner aux animaux.  J’ai longtemps cru que les Acadiens n’avaient pas cultivé la patate avant la déportation, mais à présent, j’en suis moins certain», dit l’historien.  

Lorsque la patate est devenue mieux connue en Acadie, elle a sans doute sauvé des vies.  Défricher la terre prenait du temps, souvent des années, avant qu’on puisse faire pousser du blé.  Les Acadiens plantaient des patates autour des souches.  Ça faisait de la nourriture.  «Les gens mangeaient des patates le midi et le soir.  S’ils en mangeaient le matin aussi, ça voulait dire qu’il n’y avait rien d’autre», souligne Georges Arsenault. 

À notre époque, les traditions culinaires changent et se transforment.  Nos magasins d’alimentation regorgent de nouveaux produits et les personnes qui jardinent peuvent faire pousser une multitude de légumes et de fruits qui étaient inconnus des ancêtres acadiens.  

Même le pâté acadien a subi des transformations.  Le poulet a remplacé la viande des bois.  Le pâté aux palourdes est relativement récent dans la région Évangéline du moins.  Autrefois, on le cuisait dans de grandes formes rectangulaires.  À présent, il est surtout rond, mais pas obligatoirement.  

Un des plaisirs du concours du Festival du pâté acadien est de découvrir les variantes inventées et celles issues de traditions d’autres cultures, car il semble que le pâté soit une forme de nourriture prisée dans de nombreuses cultures.  



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