Comme à son habitude, Georges Arsenault a servi un menu copieux lors de sa causerie sur la nourriture en Acadie, le dimanche 27 octobre, dans le cadre du Festival de la citrouille de Summerside. Voici un aperçu de ce qu’on trouvait sur les tables sous le régime français, qui a pris fin avec les déportations.
D’entrée de jeux, Georges Arsenault a avoué que trouver des descriptions de ce qu’on trouvait sur les tables avant la déportation n’est pas facile. Si de telles descriptions existaient, elles auraient vraisemblablement été détruites lors des événements tragiques à partir de 1755.
Cependant, dans ses recherches, il a trouvé des descriptions faites par des personnes en visite en Acadie (Nouvelle-Écosse) dès 1708.
Selon les écrits de cet observateur, les Acadiens mangeaient surtout du «lard», de la viande de porc : «Ils en mangeaient deux fois par jour».
Les Acadiens ne semblent pas manger de gibier, de viande des bois, mais ils pratiquent la chasse, pour faire du commerce. «Ils n’aiment ni le veau ni l’agneau et regardent les champignons comme les plus grands des poisons», cite Georges Arsenault.
Les choux et les navets sont cultivés et poussent en abondance et sont toujours cuits dans la même marmite, dans l’âtre de la cheminée.
Les Acadiens mangeaient des fruits sauvages, des pommes, du sirop et du sucre d’érable, que les Acadiens ont appris à récolter et produire au contact des Mi’kmaq. Il y avait également des citrouilles et du blé d’inde dans leur menu, mais pas de patates. Ce n’est que plus tard que la patate, si précieuse aujourd’hui, a fait son entrée dans les cuisines.
Toujours selon les observations de ce visiteur venu de Normandie en France, les Acadiens n’avaient pas de poules pour les œufs, mais lorsqu’il fallait des œufs, ils allaient ramasser des œufs de goélands sur les dunes.
Un autre document, datant d’une vingtaine d’années plus tard, vient d’un homme du Massachusetts, en visite à Beaubassin. Il y décrit des repas où il y a de la «caillette», une sorte de yogourt épais à partir de lait caillé, de mouton et de mélasse. «On faisait du commerce avec les Antilles et on ramenait de la mélasse. Ça apparaît très tôt dans les menus», précise Georges Arsenault.
Pour ce qui est de l’île Saint-Jean, des documents décrivant les menus n’ont jamais été trouvés. Par contre, le grand recensement de 1752 renseigne sur ce que les gens avaient dans leurs provisions.
Alexandre Richard qui vivait à Pointe aux vieux (Malpèque), possédait quatre bœufs, deux vaches, une taure, six brebis, quatre cochons, 17 oies (alors qu’il y en avait 19 dans tout le village selon ce recensement) et 20 poules. Il avait aussi semé des pois, un aliment de base.
Dans une autre famille, les DesRoches, il y avait un bœuf, une vache, deux veaux, six moutons, deux brebis et une poule. Il avait aussi semé du blé.
Les fouilles archéologiques faites à Pointe aux Vieux de 2008 à 2011 ont aussi permis d’identifier des aliments. «On a trouvé des signes qu’il y avait des vaches, des cochons, des brebis, des lièvres, des morses, des bécasses, des tourtes, des restes de morue franche et de morue barbue, des coquilles de toutes les sortes de coquillages, incluant les pétoncles, ce qui est surprenant», a noté Georges Arsenault.
Il y aurait eu aussi des légumineuses (pois et haricots), mais pas de patates.
Dans une prochaine édition de La Voix acadienne, nous verrons que les années suivant les déportations ont été difficiles.