À l’est de l’Île-du-Prince-Édouard, le site historique Roma à Trois-Rivières, encore à l’écart des circuits touristiques, tente de se faire connaître. Avec l’organisation de soirées à mi-chemin de la cuisine et de la musique, les Acadiens Robert et Michael Pendergast veulent remettre le site lié à l’histoire francophone au centre de la carte.
«Souvent, le nom Roma ne dit rien à personne, ni aux visiteurs de l’île ni aux insulaires», regrette Helen Lockerby, présidente par intérim du conseil d’administration du site historique Roma à Trois-Rivières.
«Et beaucoup d’Acadiens et de francophones n’ont jamais entendu parler du site», poursuit le chef cuisinier acadien Robert Pendergast.
Roma témoigne de l’entreprise du français Jean-Pierre Roma. En 1732, l’homme d’affaires et une cinquantaine de colons débarquent à Trois-Rivières pour fonder un poste de commerce international et devenir le jardin de la forteresse militaire de Louisbourg en Nouvelle-Écosse.
Pêche, agriculture, ils travaillent sans relâche dans des conditions de vie très dures. Les Britanniques mettent brusquement fin à l’aventure en 1745.
Aujourd’hui, le site est situé à une dizaine de kilomètres de Montague au bout d’une route de terre.
«Roma est localisé dans une région de l’île avec moins d’influence francophone qu’ailleurs», précise Robert Pendergast.
Résultat, «on parle souvent du site comme d’un bijou caché, car on ne peut pas tomber dessus par hasard», constate Helen Lockerby.
Compétition avec les festivals
Pour être plus visible et devenir un «bijou trouvé» selon les mots de la présidente, le conseil d’administration de Roma multiplie les publications sur les réseaux sociaux et les publicités dans les journaux. Le site est également présent sur les guides touristiques de la province.
Début août, un nouveau site internet plus attrayant et facile d’utilisation sera également lancé. Trois guides bilingues ont par ailleurs été embauchés afin d’attirer plus de francophones.
Mais la concurrence est rude durant l’été. «Il y a tellement de choses qui se passent en même temps, avec des festivals chaque fin de semaine, ça reste difficile de se faire connaître», admet Helen Lockerby.
Par le passé, le conseil d’administration a tenté de faire venir des cars de croisiéristes en provenance des bateaux accostés à Charlottetown. «Mais c’était trop cher et trop loin pour que les autobus viennent jusqu’ici», explique Helen Lockerby.
Helen Lockerby, présidente du conseil d’administration du site historique Roma, prépare du pain de façon traditionnelle. (Photo : Gracieuseté)
Les bénévoles tentent également de diversifier les activités offertes durant l’été. Visites guidées en costume d’époque, marchés de produits artisanaux, démonstrations de savoir-faire traditionnels, ateliers de fabrication de cordages, d’abris naturels, de pains ou encore de bougies, recherche d’aliments comestibles, la liste des animations proposées est longue.
«On est un musée vivant, on veut offrir des expériences culturelles, culinaires et historiques authentiques», souligne Helen Lockerby.
«On ne veut pas que Roma tombe dans l’oubli»
La dernière nouveauté imaginée s’appelle Amuse-Bouche. Au cours de quatre soirées estivales, le chef Robert Pendergast cuisine des produits locaux au feu de bois au son d’histoires et de chansons de son frère Michael, aussi bien en français qu’en anglais.
La première soirée, mardi 16 juillet, a été un succès avec près de 40 participants venus de toute la province. Les convives ont pu déguster de petits légumes rôtis mêlés de pois chiches, une garniture de fruits de mer en compote de tomates et d’oignons ou encore une crème sure imbibée de choux légèrement fumés.
En plat principal, les invités avaient le choix entre du saumon de l’atlantique ou de la volaille, accompagnés de haricots blancs aux oignons, citron et persil.
Lors des soirées Amuse Bouche, le chef Robert Pendergast propose notamment du saumon de l’Atlantique avec des pois chiches. (Photo : Gracieuseté)
«Avec mon frère, on organise ces évènements pour aider à promouvoir le site, pour que les gens s’imprègnent de l’ambiance et de l’énergie spéciales du lieu», raconte Robert Pendergast.
«On ne veut pas que Roma tombe dans l’oubli. On aimerait créer une relation un peu sentimentale avec cet endroit si intéressant et important pour l’histoire de notre province», ajoute-t-il.
Robert Pendergast aimerait poursuivre l’aventure l’été prochain. Pour l’Acadien, c’est aussi une manière de soutenir financièrement le site. «C’est toujours un défi de trouver des fonds», confirme Helen Lockerby.
Pour payer les employés, la responsable peut compter sur les subventions du fédéral et de la province, mais pour le reste elle doit imaginer ses propres sources de revenus.