Plus de 7000 insulaires ont combattu aux côtés des Alliés durant la Première Guerre mondiale entre 1915 et 1918. Parmi eux, de nombreux Acadiens. Les soldats qui ont eu la chance de survivre et de revenir à l’Île-du-Prince-Édouard ont souvent été contraints de repartir pour trouver du travail.
En décembre 1915, plus de 900 jeunes soldats acadiens des provinces de l’Atlantique, dont 30 originaires de l’Île-du-Prince-Édouard (Î.-P.-É.), se sont enrôlés dans l’armée pour combattre sur les fronts de la Première Guerre mondiale.
Ils forment le 165e Bataillon de la force expéditionnaire du Canada, un régiment francophone et catholique. Après un entraînement d’un an à Valcartier, au Québec, les militaires ont rejoint la France en passant par Halifax, en Nouvelle-Écosse, et l’Angleterre.
Dans les archives, on retrouve principalement leurs traces dans le Jura et dans la ville de Bordeaux où ils prêtent main-forte aux Alliés.
Les Acadiens de l’Î.-P.-É. se sont également engagés dans d’autres régiments de l’armée canadienne, et notamment dans le 105e bataillon qui s’est entraîné à Summerside de janvier à juin 1916.
Hommes envoyés en première ligne
«C’est le bataillon canadien le plus rapidement organisé au Canada pour la Première Guerre mondiale, rappelle James Perry, passionné par l’histoire militaire des Acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard À la fin de 1915, lorsque l’île a reçu la permission d’organiser une unité, les jeunes hommes se sont empressés de s’enrôler.»
Sur les 7 168 insulaires qui ont servi durant la Grande Guerre, «au moins un tiers était des Acadiens, pas seulement de Summerside, mais aussi de Rustico et de Charlottetown», détaille Greg Gallant, conservateur du musée du régiment del’Île-du-Prince-Édouard.
Greg Gallant a mené des recherches approfondies sur une liste de 1100 soldats, «et il y en avait bien plus de 300 avec des noms acadiens», assure-t-il.
Après un défilé final à Charlottetown, les militaires se sont rendus au Québec pour s’entraîner, avant de prendre le bateau pour l’Angleterre où ils ont débarqué en juillet 1916. Ils y ont poursuivi leur entraînement.
«Et puis finalement, le bataillon a été démantelé et tous les hommes ont été dispersés dans différentes unités de première ligne qui avaient besoin de renforts», révèle Greg Gallant.
Plus de 500 morts
En deux ans, 503 hommes sont morts au front et ne sont jamais revenus au Canada. La plupart de ceux qui s’en sont sortis n’ont remis les pieds sur leur île natale qu’en 1919, après de longs trajets en bateau.
«Ils reviennent pour rendre visite à leur famille, mais beaucoup repartent rapidement dans l’est des États-Unis ou dans l’Ouest canadien, pour trouver du travail, dans le chemin de fer notamment», explique Jean MacKay, archiviste au Centre d’histoire et d’archives MacNaught de Summerside.
«Dans les années 1920, beaucoup d’habitants ont émigré pour des raisons économiques», confirme Greg Gallant.
À l’époque, l’île est encore une société rurale très pauvre. «Un soldat célibataire dont le frère a repris la ferme n’avait pas d’autre choix que de partir», souli-gne Jean MacKay.
En 1922, un monument à la mémoire des hommes du comté de Prince morts pendant la Gran-de Guerre est érigé à Summerside. 220 noms de soldats, originaires de l’ouest de la province, sont aujourd’hui gravés dans la pierre.