Récipiendaire d’un prix du patrimoine de Musée et Fondation du patrimoine de l’Île-du-Prince-Édouard, Clem Gallant, maintenant de Rustico, ne s’est pas assis sur ses lauriers. De fait, il poursuit un projet en généalogie dont le résultat pourrait intéresser passablement de monde dans la paroisse Saint-Augustin et au-delà.
Clem Gallant a vécu pratiquement toute sa vie adulte à Summerside. Depuis son mariage en secondes noces avec Yvonne Doucette (née Buote), pendant la pandémie, il est retourné vivre dans la paroisse où il a vécu jusqu’à l’âge de 13 ans, la paroisse Saint-Augustin de Rustico.
Fils de Jacques et Clarisse Gallant, Clem est né à Oyster Bed Bridge, un petit village auquel il est encore très attaché, comme les ouvrages qu’il a publiés dans le passé le confirment.
«C’est à cause de la causeway (pont-chaussée) construite vers 1954-1955 entre Brackley Beach et l’Île des Robinson que ma famille a quitté Oyster Bed Bridge pour Souris. Mon père était pêcheur. Dans ce temps-là, les bateaux étaient petits et n’allaient pas vite. La causeway l’aurait obligé à faire des grands détours et ça n’aurait pas été possible pour lui de gagner sa vie. Alors, en prévision de la construction, la famille est partie», raconte Clem Gallant.
Il reste très peu de personnes encore capables de raconter la vie à Oyster Bed Bridge avant l’arrivée de la causeway. «Je pense que mon frère et moi, on est les derniers», dit-il.
À la retraite depuis 30 ans, Clem Gallant a fait paraître plusieurs ouvrages
De retour dans la paroisse de Saint-Augustin, il a entrepris de compiler les baptêmes, mariages et décès survenus dans la paroisse Saint-Augustin depuis 1812 et ce jusqu’en 1933.
«À la Banque des Fermiers, j’ai eu accès aux documents de 1812 à 1907. J’ai tout copié et entré les données dans l’ordinateur, pour les classer. Puis, j’ai fait une demande spéciale au clergé, et finalement, le père Art O’Shea, que je connais depuis la jeunesse, m’a permis d’aller dans les archives provinciales pour les entrées faites de 1908 à 1933. Je ne pouvais pas dépasser cela. Ce n’est pas permis. Les églises ne permettent pas qu’on copie les dossiers qui ont moins de 90 ans. Je devrai retourner l’an prochain pour continuer…»
En attendant, Clem Gallant a compilé une impressionnante liste de 11 000 noms, certains figurant dans les dossiers à plusieurs reprises, notamment le baptême, le mariage, ainsi que la mort.
Clem Gallant est très méticuleux. «Je ne veux pas faire d’erreurs. Par exemple, en retranscrivant les données, je découvre que le nom de la mère du dernier enfant de la famille n’est pas le même que pour les autres enfants, je dois retourner vérifier dans les originaux. Les mariages sont utiles, car en général les parents des deux époux sont inscrits. Les inscriptions de décès sont moins fiables. Pour une raison qui m’échappe, pendant les 10 ans qu’il a été ici, le père Georges-Antoine Belcourt n’a pas enregistré les décès.»
Les premières noces sont en général bien documentées, mais lorsqu’il s’agit de veufs qui se remarient c’est plus compliqué, d’autant plus si la mort des premiers époux n’a pas été enregistrée. Même lorsqu’elle l’était, il n’était pas courant qu’on mette le nom des parents.
«Je fais beaucoup de vérifications, je croise les informations, et je pense que je suis sur la bonne voie. Quand j’aurai fini, je vais rendre ma recherche disponible sur une clé USB, facile à transférer dans un ordinateur.
Passionné d’histoire, Clem Gallant se fait une joie de se rendre en septembre, avec d’autres membres des francophones de l’âge d’or, à Saint-Alexis de Matapédia, un village qui a été ni plus ni moins fondé par environ 50 familles de Rustico, à l’époque du père Georges Antoine Belcourt.
Lors de la présentation du Prix du Patrimoine à Clem Gallant, par la lieutenante gouverneure de la province, Antoinette Perry. Sur la seconde photo, on voit aussi Yvonne Doucette, épouse en secondes noces de Clem Gallant.