C’est sans hésiter que le Père Albin Arsenault, curé de la paroisse Immaculée Conception de Palmer Road, répond que les crèches sont toujours montées et appréciées par les paroissiens et paroissiennes lors des célébrations de Noël. Et il en est ainsi dans la plupart des paroisses de la région.
Grand protecteur du patrimoine religieux, il raconte qu’il a restauré la crèche de la paroisse St Patrick de Grand River en 2012. «Quand je suis arrivé là comme curé en 2010, dit-il, j’ai vu que c’était une très belle église, mais l’intérieur était laid. Avec l’appui des 65 familles de la paroisse, nous avons ramassé 80 000 $ et payé comptant pour la peinturer et la rénover».
Le Père Albin Arsenault, curé de la paroisse Immaculée Conception de Palmer Road.(Photo : Archives de La Voix acadienne)
«Je me demandais, comment une église bâtie en 1839, avait une crèche aussi moderne», poursuit-il. Un jour en retournant chez lui après une messe, il aperçoit un vieux monsieur dehors sur la route principale qui lui faisait signe de s’arrêter. Il a alors pensé qu’il s’était produit une tragédie.
«Il me dit qu’il avait l’ancienne crèche de l’église dans son sous-sol depuis 40 ans, alors qu’un ancien curé lui avait demandé d’aller la jeter au dépotoir. Il avait tellement été étonné de cette demande, qu’il avait décidé de la garder. Il ajoute qu’il n’a pas assez de place chez lui et que le bras de Joseph est cassé. Il était content de constater que j’étais intéressé, car j’étais le premier curé à qui il en parlait. Le fait que j’avais rénové et repeint l’intérieur de l’église lui avait sans doute donné confiance. Et comme il y a toujours moyen de faire, je lui ai dit que la crèche serait restaurée».
«C’est une crèche très ancienne et une artiste l’a entièrement restaurée en 2012. C’était la première fois de ma vie que je voyais un âne aussi joyeux de la naissance du Sauveur. J’étais tellement émerveillé de sa beauté.» Père Arsenault a toujours gardé un contact avec le monsieur qui avait gardé la crèche dans son sous-sol. Le monsieur est décédé il y a deux ans et il continue à communiquer avec la fille de celui-ci. «La vie, c’est un cheminement, et je garde contact avecles gens que je rencontre et apprécie.» Après Vatican II qui s’est tenu de 1962 à 1965, plusieurs prêtres ont fait sortir beaucoup de choses des églises, c’est probablement à cette étape que la crèche a été sortie.
La crèche de la paroisse St Patrick de Grand River.(Photo : Gracieuseté)
Père Arsenault a participé à la restauration de six églises, car pour lui c’est important de sauver le patrimoine religieux et très inacceptable de le laisser aller. «Pour moi, il est important que les paroisses et les églises soient dignes de la beauté qu’ils avaient à l’époque de mes ancêtres. Je suis toujours heureux de redonner le patrimoine aux paroissiens, c’est ça mon devoir», conclut-il. Sa feuille de route en fait foi.
L’Association du Musée acadien de l’Î.-P.-É., lui a remis le prix La Petite Nyctale 2016. Ce prix est décerné annuellement pour reconnaître la contribution d’un individu, d’un organisme ou d’un groupe qui a œuvré pour la cause de l’histoire et du patrimoine acadiens dans n’importe quel domaine au cours des cinq dernières années. On a souligné le dévouement du Père Albin en ce qui atrait à la préservation du patrimoine. On a parlé des nombreux projets de restauration du curé en lien à l’architecture religieuse à l’Île-du-Prince-Édouard.
Père Arsenault va célébrer quatre messes les 24 et 25 décembre : 24 décembre à 18 h à Palmer Road; 20 h à Miminegash et 22 h à Palmer Road. Le 25 décembre à 11 h à Palmer Road. Il espère avoir la participation de gens des Philippines qui sont dans la région et ils chanteraient des chants de Noël dans leur langue. «Il faut les intégrer», ajoute-t-il.
Sans crèche, il n’y aurait pas de Noël
«S’il n’y avait pas eu de crèche, il n’y aurait pas de Noël», de dire Margaret Arsenault, de Summerside. Et c’est important pour elle de la monter chaque année. «Ça fait 30 ans que je monte une belle crèche en céramique que j’ai faite. Les personnages sont très beaux et je la décore aussi de jolies fleurs rouges».
Madame Arsenault fréquente la paroisse Saint-Paul à Summerside et dit que la crèche de l’église a des personnages à hauteur humaine. Il y en avait aussi une à l’extérieur avant.
«Si les gens oublient un peu la fête de Noël, l’esprit de Noël reste là», ajoute-t-elle. «Nous aidons les moins fortunés et cette année avec mon mari nous avons adopté une famille. Noël c’est l’amour, mais Noël c’est aussi chaque jour quand je visite des pauvres ou que je fais du bénévolat avec les personnes atteintes d’un cancer».
Margaret Arsenault et sa belle crèche en céramique. (Photo : Marcia Enman)