Patrimoine
09 avril 2014
Le 9 avril 2014

Au premier rang, tenant le document, Aubrey Doucette et Yvonne Doucette.  Au second rang, Reggie Blanchard, Rita Blanchard, Eugène Gallant, Alban LeClair, Alyre Martin et le curé de la paroisse, le père Frank Jay, qui a béni le document.

Le 7 avril 1864, 10 hommes de la belle paroisse Saint-Augustin de Rustico ont signé la Charte de la Banque des fermiers de Rustico.  

C’était un document très important, car sans ce document, la banque, qui fonctionnait déjà depuis 1861, n’aurait pas eu le droit d’émettre des billets de banque, ni de continuer ses opérations.  

Selon l’historien Georges Arsenault, qui a expliqué le contexte de la fondation de cette banque, l’institution est née en grande partie de l’esprit de l’abbé Georges Antoine Belcourt.  

Trois mois après son arrivée à Rustico, à la fin de l’automne de l’année 1859, le père Belcourt avait déjà forgé le projet d’établir une institution financière pour améliorer les conditions de vie des citoyens de sa nouvelle paroisse, et les libérer des hauts taux d’intérêt des autres banques.

«Il voulait aussi que les Acadiens, presque tous catholiques, aient les moyens de conserver leurs terres, plutôt que de les mettre en vente, car elles étaient alors achetées par des protestants.  Dans ces années-là, il y avait un véritable clivage entre catholiques et protestants», a rappelé l’historien chevronné.  

Selon les recherches faites par les historiens et ceux qui se sont intéressés à l’histoire de cette banque, l’institution ne fonctionnait que quelques heures par semaine.  De plus, les fermiers n’avaient d’argent à investir qu’à la vente de leurs récoltes, l’automne venu.   

Le magnifique édifice qui abrite aujourd’hui le Musée de la Banque des fermiers a été construit durant les années 1865 et 1866.  Le père Belcourt demandait à ses paroissiens d’apporter des pierres pour la construction lorsqu’ils venaient aux offices du dimanche.  

L’édifice était une salle paroissiale et seul un petit espace était attribué aux affaires de la banque.  C’est aussi dans cet édifice que l’Institut de Rustico, le groupe d’étude (et de tempérance) des hommes du village, se réunissait.  Créé par l’abbé Belcourt, cet institut avait pour but d’éduquer les hommes et aussi, de limiter leur consommation d’alcool.  

D’une grande valeur, cet édifice a reçu le titre de Lieu d’importance historique nationale, mais cela ne l’a pas empêché de se détériorer et dans les années 1990, la reconstruction de l’édifice a été nécessaire.  

«En 1993, alors que notre gouvernement (Les libéraux de Jean Chrétien) venait d’arriver au pouvoir, c’était un des premiers projets d’infrastructure qui nous a été présenté», dit le député Wayne Easter.  «Je dois dire que lorsque j’avais pris connaissance de l’ampleur des travaux à réaliser, je croyais que c’était impossible.  Mais vous avez réussi», a ajouté le député de Malpèque.  

Arnold Smith, le vice-président des Amis de la Banque des fermiers de Rustico, ne comprend pas que le 150e anniversaire de la Charte de la Banque des fermiers n’ait pas reçu de financement du Fond Î.-P.-É. 2014.  

Rappelons que la Banque des fermiers a fonctionné jusqu’en 1894.  «Elle n’a pas fait banqueroute.  Sa charte n’a pas été renouvelée, car les lois avaient changé.  En 1864, l’Île était une colonie et dès 1873, lorsqu’elle s’est jointe au Canada, elle a dû se conformer aux lois nationales.  Pour fonctionner, les banques devaient avoir des actifs d’au moins 500 000 $ alors que la Banque des fermiers fonctionnait avec 10 000 $», a rappelé Georges Arsenault.

Les signataires de la Charte de 1864 étaient :
(Photo à la Une)

• Marin Blanchard, dont le descendant sur est Reggie  Blanchard;
• André Buote dont le descendant est Alban LeClair;
• Bernardin Doiron, dont le descendant est Alyre Martin;
• Jérémie Doiron, dont la descendante est Yvonne Doucette;
• Sylvestre Doiron, dont la descendante est Rita Blanchard; 
• Fabien Doucet dont la descendante (absente de la photo) est Camilla Arsenault;
• Léon Gallant dont le descendant est Eugène Gallant;
• Abraham Pineau dont le descendant est Aubrey Doucette.  
Deux autres hommes ont signé la Charte, Isidore Buote et Laurent Martin, mais les informations généalogiques étaient insuffisantes pour permettre à la généalogiste Theresa Gallant de trouver leurs descendants. 


Georges Arsenault a insisté sur le rôle de l’abbé Georges Antoine Belcourt dans la création de la Banque des fermiers et a dit souhaiter que quelqu’un se lance dans l’écriture de la biographie de cet homme d’action.  


Charlie Sark, qui a des liens avec la collectivité acadienne de Rustico, a conduit une cérémonie de purification avec les herbes sacrées, qu’il faut enflammer puis éteindre afin qu’elles projettent leur fumée bénéfique. 

- Par Jacinthe Laforest -


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