Éducation
Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
L’enseignante et artiste Betty Jo-Lecours souligne les impacts positifs de l’art sur la santé mentale des enfants. (Photo : MarIine Ernoult)

Malgré l’existence du programme GénieArts, l’éducation à l’art dans les écoles de l’Île-du-Prince-Édouard n’est pas toujours à la hauteur. L’art en classe facilite pourtant l’apprentissage des enfants, améliore leur santé mentale et contribue à développer leur sentiment d’appartenance communautaire. 

«L’enseignement de l’art est très disparate, il y a de gros écarts entre les écoles au sein d’une même province et, de manière globale, cet enseignement est insuffisant», considère la présidente de la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF), Nancy Juneau.

Et, pour elle, l’Île-du-Prince-Édouard ne fait pas exception. Dans la province, l’art est une matière obligatoire de la maternelle à la 6e année. En revanche, de la 7e année à la 12e année, les disciplines artistiques deviennent des options.

«On est en train de changer notre approche, au lieu d’enseigner l’art en silo, on l’intègre de plus en plus dans les autres matières avec des projets transdisciplinaires», observe le responsable de l’intégration des arts dans les programmes d’études en français au ministère de l’Éducation, Travis Boudreau.

«On veut donner aux élèves le plus de choix possibles pour qu’ils aient au moins une expérience artistique entre l’intermédiaire et le secondaire», ajoute-t-il. 

Le programme GénieArts, qui existe depuis 20 ans, permet également aux jeunes d’être immergés dans un projet artistique. Grâce à cette initiative financée par la province, les enseignants peuvent nouer des partenariats avec des artistes qu’ils invitent en salle de classe. 

Mettre la main à la pâte

«Ça permet aux jeunes de se voir, de s’entendre et de se lire, ça les aide à forger leur sentiment identitaire» salue l’agent de projet à la Fédération culturelle de l’Île-du-Prince-Édouard, Germain Arsenault. 

Les projets imaginés doivent répondre à des résultats d’apprentissage du curriculum et faire le lien avec d’autres matières du programme.

À l’école François-Buote à Charlottetown, Betty-Jo Lecours a déjà participé à cinq projets GénieArts, deux fois en tant qu’artiste et trois fois comme enseignante.

«L’art c’est plus engageant pour apprendre, car c’est interactif et c’est bon pour la santé mentale, c’est calmant et valorisant», souligne-t-elle. 

«Les enfants apprennent mieux avec GénieArts, car ils mettent la main à la pâte et ils voient que ce qu’ils apprennent est applicable dans la vie de tous les jours», renchérit la directrice de l’École Saint-Augustin à Rustico, Julie Gagnon.

Ces dernières années, elle a impliqué ses élèves dans l’écriture de la chanson Sur les ailes des aigles avec Lennie Gallant, la réalisation de sculptures sur glace et la fabrication d’objets d’art autochtones.

«C’est un très bon programme qui favorise la créativité et l’innovation, mais le problème, c’est que ce n’est pas fait de façon systématique, il faut des gens qui prennent l’initiative», estime Nancy Juneau.

Ce sont en effet les enseignants qui doivent concevoir un projet et le soumettre à un jury afin d’obtenir une subvention d’un maximum de 2 000 dollars.

Manque de formation des enseignants 

Pour uniformiser l’enseignement, la FCCF propose l’adoption d’une Charte nationale qui établirait les objectifs d’une éducation artistique de qualité dans les écoles francophones en situation minoritaire.

«C’est essentiel, les retombées positives pour les élèves sont tellement nombreuses», souligne Nancy Juneau. 

La responsable rappelle notamment que l’art est un vecteur «fort de cohésion sociale» : «C’est un pont qui permet de créer des échanges et d’apprendre à mieux se connaître.»

Aux yeux de Nancy Juneau, le manque de formation artistique des enseignants est un autre enjeu majeur. La FCCF a ainsi lancé au niveau national l’initiative La ruchée afin de mieux outiller le personnel des écoles. 

À l’île, au ministère de l’Éducation, Travis Boudreau se rend régulièrement dans les établissements scolaires pour appuyer le personnel enseignant.

«Il faut faire attention, les enseignants sont déjà surchargés, ils ne peuvent pas être experts en tout, il faut surtout qu’on engage des spécialistes du sujet», nuance Betty-Jo Lecours, qui donne aussi un cours d’introduction à l’enseignement de l’art à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard.  

Pour Nancy Juneau de la FCCF l’art est un vecteur «fort de cohésion sociale».  (Photo : Marianne Duval)

La directrice de l’école Saint-Augustin, Julie Gagnon, estime que le projet GénieArts facilite les apprentissages des élèves.  (Photo : Jacinthe Laforest)

Selon Germain Arsenault de la Fédération culturelle de l’Île-du-Prince-Édouard, l’art permet aux jeunes de renforcer leur identité francophone. (Photo : Gracieuseté)

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