Les institutions d’enseignement postsecondaire qui reçoivent des étudiants étrangers ont connu une année en dents de scie, avec des hauts, mais surtout des bas, entraînés par les règles changeantes à Immigration, Réfugié et Citoyenneté Canada. «Je ne vous le cacherai pas, j’étais inquiet. Mais il semble que nous ayons réussi à maintenir nos chiffres et même, à les augmenter un peu», dit le président du Collège de l’Île, Sylvain Gagné.
C’est sous toute réserve que Sylvain Gagné parle d’un maintien des inscriptions et peut-être même d’une hausse. «Je ne compterai pas les poussins avant qu’ils soient sortis de l’œuf. On saura seulement dans trois ou quatre semaines[à partir du vendredi 6 septembre] si tous nos étudiants inscrits ont pu se rendre. Avec les étudiants internationaux, c’est souvent comme ça, mais en plus, nous avons des inscriptions locales tardives cette année», décrit Sylvain Gagné.
Depuis quelque temps, le Collège de l’Île est en mode stabilisation, avec des efforts faits pour varier les sources de revenus. En plus des programmes collégiaux et de la formation linguistique, le Collège veut augmenter sa capacité à offrir des formations très ciblées qui mènent à des certifications. Quelques exemples seraient les premiers soins, la manipulation de matières dangereuses, la sécurité au travail ou en santé mentale. «Notre approche est de former des formateurs qui pourront donner ces cours, en français, sans qu’on ait à amener quelqu’un du Nouveau-Brunswick», dit Sylvain Gagné.
Cours précollégiaux au secondaire
Aussi appelés cours à double crédit, les cours précollégiaux sont rendus disponibles aux élèves de 11e et 12e année. S’ils réussissent le cours, ils reçoivent les crédits pour leur diplôme d’études secondaires. De plus, s’ils s’inscrivent au Collège par la suite, ils commencent leur parcours avec quelques crédits en poche.
«Encore cette année, nous avons deux cours : celui en petite enfance qui mène à la certification 1, et celui de “pré“ préposé aux soins. J’aurais aimé en avoir plus que ça, mais pour le moment, ce sont les deux cours que nous avons. Mon plan, et je touche du bois en disant ceci, serait d’ajouter un troisième cours à partir du second semestre. Ce serait un cours d’introduction aux carrières en santé», dit-il.
Rebondissements en immigration
L’année a été chargée pour les institutions d’enseignement postsecondaire, autant anglophones que francophones, avec la décision d’IRCC de diminuer de façon draconienne les plafonds d’entrée au Canada par la filière des études et de resserrer les critères.
«Vous vous en souvenez, nous avions eu cette conversation. À la fin de 2023, le gouvernement annonçait une hausse des cibles en immigration francophone et au début de 2024, il serrait la vis à toutes les entrées d’étudiants étrangers, peu importe la langue. Ça n’avait pas de sens à mon avis. Mais nous avons ajusté notre campagne et nos objectifs et nous avons respecté les règles», dit le président.
Le résultat a été, sans surprise, une diminution des inscriptions de l’étranger venant directement au Collège de l’Île. Cependant, un nombre substantiel d’étudiants étrangers déjà admis au Canada pour leurs études au Québec s’est tourné vers le CCNB (au Nouveau-Brunswick) et le Collège de l’Île, ici même. «La raison? Je n’ai pas investigué, mais je pense que c’est lié aux coûts. Et je pense que l’an prochain, il y en aura encore plus qui feront ce choix», dit le gestionnaire.
Les nouvelles règles pour les étudiants étrangers francophones inscrits dans des collèges et universités de la minorité francophone annoncées pendant le CMA ont probablement eu une influence.
Le local, toujours une priorité
Pour le Collège de l’Île, le local, c’est l’ÎPÉ, mais c’est aussi les deux provinces voisines. «Mon objectif, c’est que les élèves de toutes les écoles secondaires de l’Île, de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick entendent parler du Collège et sachent qu’il existe des options postsecondaires abordables en français.
«Cette année, nous aurons environ huit étudiants locaux. L’an dernier nous en avions deux ou trois. Les bourses de 5 000 $ du Consortium national de formation en santé ont joué un rôle. Les inscriptions sont tardives, car les bourses viennent à peine d’être rendues disponibles, mais l’intérêt est là.»