À Charlottetown, des élèves de 7e année de l’École François-Buote participent à un projet Génie Arts avec la potière Jessica Hutchinson. Ils écrivent des poèmes et fabriquent des tuiles en céramique sur lesquelles ils gravent et peignent un symbole de leur choix. Le projet est une manière de leur donner le goût du français. L’art permet aussi aux adolescents d’apprendre à mieux gérer leurs angoisses.
«J’aime ça la poterie et peinturer. C’est satisfaisant de faire quelque chose de ses mains, de voir le résultat concret, partage Léo Cerna-Ferguson, 12 ans. Et puis ça prend beaucoup de concentration, c’est très calmant.»
Penché sur sa tuile en céramique, l’adolescent peint en noir le symbole pour lequel il a opté, un bonsaï.
«Je l’ai choisi, car c’est très beau, ça représente la vie et le fait d’être différent», explique-t-il, un pinceau à la main.
Léo fait partie des 48 élèves de 7e année de l’École François-Buote qui participent à un projet «Génie Arts», subventionné par le gouvernement provincial.
Avec la potière Jessica Hutchinson, ces élèves fabriquent leur propre tuile en céramique et créent un pochoir pour y ap-poser le symbole de leur choix, avant de le peindre.
L’artiste a tout de suite embarqué dans l’aventure quand l’enseignante Betty-Jo Lecours lui en a parlé il y a quelques mois.
«Ça aide à exprimer ses sentiments»
«Ça me fait du bien de travailler avec des jeunes et de sortir de mon atelier, ça me force à expérimenter de nouvelles techniques, raconte Jessica Hutchinson. C’est aussi important de donner le goût de l’art aux jeunes, moi-même j’aurais aimé en avoir plus quand j’étais à l’école.»
Le projet est au croisement de plusieurs disciplines : l’art plastique, bien sûr, mais aussi l’anglais, le français ou encore les mathématiques.
En mathématiques, les adolescents ont tout d’abord appris la géométrie du cercle afin de tracer leur tuile. En anglais, ils ont travaillé sur les symboles.
«Nous avons étudié les symboles du monde entier et vu comment ils permettaient d’exprimer une idée en image» dé-taille Betty-Jo Lecours.
L’enseignante d’anglais expli-que que les ateliers font également le lien avec les stratégies de gestion et de réduction du stress étudiées par ailleurs.
«Je n’avais jamais fait ça avant et ça fait du bien. Ça aide à exprimer ses sentiments, à sortir ses émotions», confie Norah Donovan, 13 ans. Sur sa tuile, l’adolescente a opté pour un soleil et une lune jaunes qui symbolisent à la fois la joie et la tristesse.
«Ça permet de se vider la tête, de ne penser à rien d’autre et ça oblige à prendre le temps» abonde dans le même sens Jawad Bakir, 12 ans. Lui a choisi une ampoule blanche «pleine d’idées» pour le côté créatif.
Exposition au Centre des arts de la Confédération
Une fois les tuiles terminées, les élèves écriront un calligramme sur les raisons qui les ont poussés à choisir un symbole plutôt qu’un autre. Autrement dit, ils composeront un poème dont la disposition graphique sur la page forme un dessin.
«Ça enrichit leur vocabulaire et ça leur montre que le français ce n’est pas seulement de la grammaire, qu’ils peuvent l’utiliser dans un autre contexte» salue Rita Bissessur, l’enseignante de français en 7e année.
En attendant, les tuiles partent dans l’atelier de Jessica Hutchinson. Elles sécheront durant deux à trois jours, avant d’être cuites pendant 19 heures dans un four à plus de 1200 degrés Celsius. La potière les laissera ensuite refroidir une nuit complète.
En avril, le travail des élèves sera exposé au Centre des arts de la Confédération. Une murale de tuiles sera également accrochée de façon permanente dans les couloirs de l’École François-Buote.