Native de Labrador City, Jaclyn Reid a succédé à RenéHurtubise à la direction de la Division des programmes et services d’éducation en français au ministère de l’Éducation et de la Petite enfance. Tout comme son prédécesseur, elle a une véritable passion pour l’éducation en français.
Labrador City compte environ 10 000 habitants. On y parle anglais. Mais à environ 20 kilomètres, il y a la ville de Fermont au Québec, où on parle français. «Mes parents faisaient souvent des courses à Fermont et ils ne parlaient pas français du tout. Très tôt, ils ont décidé que ma sœur et moi, nous parlerions le français. Ils nous ont inscrites dans un programme d’immersion. Après ma 12e année, je suis venue à l’Île-du-Prince-Édouard pour étudier. J’ai commencé par un baccalauréat en sciences et j’ai complété le baccalauréat en éducation», décrit la jeune femme.
Sa carrière a commencé dès la fin de ses études. Pendant 12 ans, elle a enseigné dans la région de Charlottetown à tous les niveaux et types de programmes et presque toutes les matières. «Les seules matières que je n‘ai pas enseignées sont l’éducation physique et les arts industriels», précise-t-elle.
Après ces 12 années, elle s’est jointe à la Division des programmes et services d’enseignement en français au ministère de l’Éducation et de la Petite enfance (MÉPE).
Succéder à son patron
«En fait, c’est René Hurtubise qui m’a embauchée et qui a été mon patron pendant six ans. J’étais leader des programmes de maths et sciences de la 7e à la 12e année. Vous savez, René Hurtubise avait le don de faire en sorte que les personnes autour de lui développent leurs habiletés en leadership. Il m’a donné l’occasion d’ajouter la responsabilité de coordonnatrice des programmes de français langue seconde. J’ai pu gérer l’équipe, voir comment diriger un groupe vers l’atteinte de l’objectif. Cette expérience a été précieuse pour moi», avoue Jaclyn Reid.
René Hurtubise était tellement dévoué à sa tâche que, lorsqu’il a informé ses collègues qu’il avait fait sa demande de départ à la retraite, la surprise a été totale. «On ne l’a pas cru, pour être honnêtes. On savait que ça allait laisser un grand trou. Lorsque j’ai informé René que j’allais postuler, il m’a beaucoup aidée à comprendre plus en profondeur le fonctionnement de la Division, les enjeux, sur quoi il se basait pour prendre ses décisions. Un de ses grands conseils portait sur l’embauche du personnel. Pour lui, il y a trois grands critères à considérer. Le premier est la personne, comment elle aime travailler, seule ou en équipe. Le second critère est la crédibilité que cette personne a accumulée dans son parcours; le troisième critère est l’ensemble de ses connaissances. Pour lui, une personne peut toujours apprendre. Je conserve ces conseils précieusement, autant dans mes rapports avec mes collègues que pour les décisions financières que je dois prendre», décrit la directrice.
Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin
Jaclyn Reid se sent choyée de travailler en français avec les 28,5 personnes qui, pour elle, constituent «la meilleure équipe au monde». «Ce sont des personnes dévouées, exceptionnelles, fantastiques. C’est un plaisir de diriger cette équipe. Je suis une personne qui aime s’entourer de collaborateurs et collaboratrices avec qui je peux aller plus loin. Ma devise, comme vous le voyez sur cette affiche que j’ai trouvée dans un commerce à Moncton, c’est “Seul on va plus vite; ensemble on va plus loin“. Pour moi, c’est le secret. J’ai une passion pour l’éducation. J’adore le fait que je peux travailler et vivre en français, à l’Île. J’aime représenter l’Île, en français, à des tables nationales en enseignement du français langue première», dit-elle.
Ses partenaires incluent la Commission scolaire de langue française (CSLF), la Public School Branch, la SAF’Île et le Collège de l’Île.
Communication orale
L’un des projets qu’elle a initiés avec la CSLF porte sur la communication orale. «Ce projet est spécifique à la CSLF. Il implique pratiquement tous les enseignants, les directions ainsi que le personnel de ma division. Nous avons mis au point une grille d’évaluation pour guider les enseignants dans leurs observations, sans pour autant leur ajouter trop de travail.»
Parmi les critères auxquels les enseignants sont attentifs se trouvent le vocabulaire, le registre et la prise de risque. Pour le vocabulaire, ils voient si l’élève utilise le vocabulaire juste et précis. Ils observent aussi si l’enfant peut s’exprimer différemment s’il s’adresse à un copain de classe ou à son directeur d’école : c’est le registre. La prise de risque est observable lorsque l’enfant utilise des mots et des expressions qui ne lui sont pas familiers et qu’il tente d’intégrer pour s’exprimer plus clairement.
«Pour ce projet, qui est à ses débuts, nos enseignants ont fait des observations au début de l’année et ils continueront à le faire jusqu’à la fin de l’année. L’idée est que les signes d’amélioration soient mesurables et mesurés», dit la pédagogue.
Doubles crédits avec le Collège de l’Île
Dans une collaboration quadripartite entre le Collège de l’Île, la Commission scolaire de langue française, l’Association des centres de la petite enfance francophones et la Division des programmes et services en français, une initiative de double crédit sera introduite dès le début du second semestre dans les écoles secondaires de la CSLF. L’idée est d’ajouter à la variété des cours offerts en option au secondaire, tout en permettant aux élèves inscrits de tester leur intérêt envers une formation collégiale au Collège de l’Île en éducation à la petite enfance. Les élèves obtiennent des crédits vers leur diplôme d’études secondaires et ils accumulent des crédits vers d’éventuelles études collégiales. Dans tous les cas, ils acquièrent des connaissances.
«On ne peut pas forcer les élèves à s’inscrire, mais on aimerait quelques participants pour notre pilote. On pourra alors voir de quelle manière on peut l’améliorer et même, l’étendre aux programmes d’immersion de la Public School Branch», suggère la directrice.
D’autres projets et dossiers sont sur sa table, notamment les négociations avec Patrimoine canadien pour la prochaine entente du Programme des langues officielles dans l’enseignement. «On souhaite une entente de cinq ans qui commencerait le 1er avril 2024.»