Les élèves de la Commission scolaire de langue française ont plus de difficultés à apprendre à lire et à écrire depuis 2020 et le début de la pandémie. Le changement de visage de la population scolaire, mais aussi la pénurie d’enseignants contribuent à cette baisse des compétences.
Le niveau de littératie baisse dans les écoles de la Commission scolaire de langue française (CSLF). Selon les données récoltées en interne par les enseignants, cette baisse des compétences en écriture et en lecture s’est amorcée en 2020 au début de la pandémie de COVID-19.
«Auparavant, nous avions un pourcentage à peu près stable d’enfants, de la maternelle et la 6ème année, qui apprenaient bien à lire et à écrire», détaille Annie Jolicœur, coordinatrice de la littératie et francisation pour la CSLF.
À ses yeux, les mois d’enseignement à distance pendant la crise sanitaire ont en partie contribué au décrochage de certains enfants. «Même après le retour en classe, certains manquaient des semaines entières, car ils étaient malades», note-t-elle.
La forte augmentation d’élèves anglophones et allophones, qui ne maîtrisent pas le français à leur arrivée à l’école, semble être un autre facteur déterminant.
Programme de francisation
«Notre population scolaire change énormément. Ça varie d’un établissement à l’autre, mais c’est une tendance générale qui joue à long terme sur le niveau de langue», reconnaît Annie Jolicœur. Résultat, entre 80 et 95 % des élèves scolarisés à la CSLF ont besoin de cours de francisation à leur entrée en maternelle.
«On ne s’attend pas à ce qu’un enfant maîtrise le français quand il arrive chez nous, certes, c’est préférable, mais c’est aussi notre mandat de développer la langue et la culture française à l’île», défend Annie Jolicœur.
Pour répondre à ces besoins sans précédent, la CSLF a mis sur pied un programme de francisation. L’objectif est d’aider des élèves, de la maternelle à la 2e année, à acquérir la langue. Sept intervenants en francisation interviennent dans les six écoles de la province.
En salle de classe, à raison d’une à deux sessions par jour, d’environ 40 minutes chacune, les enfants travaillent la langue, le vocabulaire, ou encore les structures de phrase.
Former les enseignants
«On met beaucoup l’accent sur l’enseignement de la langue, car on s’est rendu compte que présentement les plus grands besoins sont là», insiste Annie Jolicœur. Le langage est en effet à la base du développement de la lecture et de l’écriture.
«Même si les élèves ne parlent qu’anglais ou une autre langue que le français à la maison, ils peuvent rattraper leur retard», ajoute la spécialiste.
La CSLF outille également les enseignants. Elle leur offre régulièrement des formations pour renforcer l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et de la communication orale.
En pleine pénurie d’enseignants, ces formations sont cruciales. «Avec le grand roulement de personnel, c’est difficile d’assurer une continuité dans la pratique d’une année sur l’autre», explique Annie Jolicœur.
Avec le retour en salle de classe, elle se montre néanmoins confiante pour l’avenir : «Le temps en classe est ce qu’il y a de plus précieux, c’est ce qui fera la différence.»
Elle insiste par ailleurs sur l’importance de collecter régulièrement des données sur l’état du français, de la lecture et de l’écriture dans les écoles, pour savoir comment ajuster et améliorer les apprentissages.