Il y a quelques mois seulement, la Coopérative d’intégration francophone a obtenu du financement pour créer un poste pour appuyer l’établissement et l’intégration des nouveaux arrivants dans les écoles de la CSLF. C’est ce poste qu’occupe Félicienne Otchoun depuis décembre. Les premiers mois ont servi à préparer du matériel et à faire connaître ce nouveau service. Cependant, en raison de la COVID-19, elle n’a pas encore pu intervenir dans les écoles. Ça va changer.
«Je vais travailler avec les enfants d’âge scolaire et leurs familles respectives, ainsi qu’avec le personnel scolaire et les autres élèves, selon les circonstances», dit Félicienne Otchoun.
Ses interventions pourront suivre des demandes des écoles, ainsi que des parents, qui pensent que leur enfant peut avoir besoin d’aide pour mieux s’intégrer. Elle pourra travailler avec l’enfant lui-même et avoir besoin de suggérer des activités pour toute la classe. «Ça va dépendre de chaque intervention. J’ai déjà commencé à faire connaître les services que je pourrai offrir. Il y a plein de choses auxquelles on ne pense pas, par exemple, les risques des allergies alimentaires.»
Félicienne affirme qu’elle n’avait jamais vu autant d’allergies alimentaires avant d’arriver au Canada. «En France où je vivais, ça n’existait pratiquement pas. De nombreux immigrants arrivent de pays où on consomme des arachides chaque jour. Ils ne comprennent pas pourquoi c’est défendu d’avoir des arachides dans les écoles.»
Sur la question des repas à l’école, Félicienne trouve que le système en vigueur à l’Île-du-Prince-Édouard est très compliqué. «Il faut aller en ligne, regarder le menu, choisir à l’avance quel jour l’enfant prendra le menu, envoyer le paiement, et le jour venu, se souvenir que l’enfant mange à la cafétéria. C’est un système très compliqué.» Dans d’autres endroits où elle a vécu, les systèmes étaient beaucoup plus faciles d’approche : les achats des enfants sont comptabilisés au fur et à mesure et, à la fin du mois, le parent reçoit la facture pour ce que son enfant a mangé durant le mois.
«Il y a des nouveaux arrivants qui n’ont pas besoin d’aide spécifique. Ce n’est pas parce qu’on est un nouvel arrivant qu’on a nécessairement besoin d’aide pour s’intégrer. Mais il y a des situations où on peut faciliter l’intégration en travaillant avec la classe (les élèves), l’école (le personnel), et la famille.»
Droits des enfants puissent être différents
Félicienne Otchoun s’attend à travailler avec les familles et autres intervenants sur les questions entourant les droits des enfants. «Ici, tu ne peux pas envoyer ton enfant de 8 ans acheter du pain à l’épicerie. Tu ne peux pas envoyer ton enfant de 11 ou 12 ans chercher son jeune frère de 4 ans au service de garde à la fin de la journée. Dans d’autres pays, ça se fait couramment, sans que ça soulève de questions. Les parents qui arrivent de ces pays pourraient ne pas saisir les nuances, sans que ce soit par mauvaise volonté. Il y a une foule de choses auxquelles on ne pense pas, et qui ont besoin d’être expliquées, pour que les parents se sentent compétents et puissent prendre les meilleures décisions pour leurs enfants, dans ce nouveau pays», résume Félicienne Otchoun, elle-même maman d’un enfant de 4 ans.
Pour le moment, trois écoles de la CSLF accueillent des élèves issus de l’immigration.