Éducation
Par Jacinthe Laforest / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Les élèves de 5e et 6e année ont fait des recherches sur des personnalités noires et ont conçu de belles affiches.  Femka Dasylva-Gill a étudié la vie de Martin Luther King; Dylan Andrews Christian s’est intéressé au hockey; Aidan McTague a fait sa recherche sur Aubrey Drake Graham.  Keira Dionne-Arsenault a fait la biographie de Michaëlle Jean et Leo Cerna Ferguson s’est intéressé à Patricia Bath.

Le Mois de l’histoire des Noirs a lieu chaque année en février.  Pour des enseignants dans toutes les écoles, ce mois est une occasion d’enseigner, d’explorer d’autres cultures et d’apprendre à vivre ensemble.  Invitée par Julie Gagnon, l’enseignante de la classe de 5e et 6e année de l’École Saint-Augustin, La Voix acadienne a constaté que les enfants comprennent déjà beaucoup de choses.  

«Retourne dans ton pays!».  Cette phrase, Isabelle Dasylva-Gill dit l’avoir souvent entendue lorsqu’elle vivait en France, le pays où elle est née.  Invitée à venir rencontrer les élèves de l’École Saint-Augustin le vendredi 25 février, pour souligner le Mois de l’histoire des Noirs, elle a demandé aux élèves : «Comment pensez-vous que je me sentais quand on me disait de retourner dans mon pays, alors que j’étais née dans le même pays qu’eux?». 

Leurs réponses n’ont pas tardé : «Triste, un peu fâchée, intimidée», avec empathie. Isabelle Dasylva-Gill a confirmé qu’elle a vécu toutes ces émotions, selon les périodes de sa vie. 

«Les personnes qui disent des choses comme ça le font par ignorance, parce qu’elles voient le monde avec des œillères», dit-elle, en mettant ses mains de chaque côté de son visage pour illustrer l’étroitesse d’esprit.  Puis elle reprend : «Des personnes intelligentes et ouvertes d’esprit comme vous voient le monde d’une manière plus large, dit-elle, en mettant ses mains en forme d’éventail autour de sa tête.  Avec des personnes comme vous, je pense que nous nous ferons de moins en moins demander de retourner dans notre pays», dit-elle. 

Elle explique que parce qu’elle était Noire, les gens pensaient qu’elle devait nécessairement venir d’ailleurs, d’Afrique entre autres.  Et pourtant elle est née en France et si elle a visité le Sénégal et la Guinée Bissau, les pays d’origine de ses parents, elle n’y a cependant jamais vécu.  «Mais dans mon cœur, j’ai vécu en Afrique.  Les traditions étaient très présentes dans ma famille.  C’était surtout des traditions autour de la nourriture, de la musique et de la danse.   Ma mère était couturière et elle faisait de beaux vêtements avec des tissus qui venaient de son pays.  Et j’ai aussi appris à parler le manjak, le dialecte de mes parents, et je le parle encore.  J’enseigne des mots à mes enfants», dit-elle.  

Dans la classe de 4e année, les échanges sont restés adaptés au niveau des enfants.  Lorsqu’elle a commencé à discuter avec les élèves de 5e et 6e années, les échanges ont pris de la profondeur.  «Quand les gens disent des choses qui ne vous semblent pas justes, faites votre recherche, vérifiez ce que les gens vous disent.  Si on vous dit par exemple que toutes les personnes en Afrique sont noires, sachez que ce n’est pas vrai.  Et les personnes noires, peu importe d’où elles viennent, ont le droit d’aller et de vivre où elles le veulent.»

Isabelle Dasylva-Gill a bon espoir qu’avec des initiatives comme le Mois de l’histoire des Noirs, et les mouvements comme Black Lives Matter, les gens vont lentement apprendre à réfléchir avant de parler, à voir au-delà de la couleur de la peau.  

L’enseignante des élèves de 5e et 6e, Julie Gagnon, a quant à elle souhaité qu’un jour, il ne soit plus nécessaire d’organiser des Mois pour ceci et des Journées pour cela, parce que le racisme aura été aboli.  Cependant, l’éducation sera toujours nécessaire.   

Isabelle Dasylva-Gill est arrivée au Canada en 2004 et à l’Île-du-Prince-Édouard  en 2007.  «On me demande encore de temps à autre d’où je viens, si je suis en visite ou si je suis aux études économiques, mais je dois dire que ça arrive moins souvent qu’au début.»

Pour terminer sa présentation dans la classe de 4e année, Isabelle Dasylva-Gill a fait entendre une chanson d’un chanteur qu’elle aime beaucoup, Koffi Olomidé du Congo.  Les élèves se sont levés pour faire quelques pas de danse, en suivant les instructions de leur invitée.  

ESA MoisHdN2Les élèves de 4e année ont écouté attentivement les témoignages d’Isabelle Dasylva-Gill et ils ont aussi beaucoup apprécié les beignets préparés selon une recette traditionnelle de la famille Dasylva.  On reconnaît, vers la droite, l’enseignante Mélissa Martel.  (Photos : J.L.)

Abonnez-vous à La Voix acadienne pour recevoir votre copie électronique ou la version papier

Éducation