Les sept artistes qui ont présenté le spectacle Ode à l’Acadie des centaines de fois depuis le 15 juillet 2004, sont remontés sur scène le temps de deux spectacles récemment à Caraquet. Les spectacles se voulaient un hommage à l’idéateur Paul-Marcel Albert en plus de souligner le 20e anniversaire de l’aventure.
Au lieu de raconter l’histoire de l’Acadie tout au long du spectacle, les sept artistes ont raconté leurs expériences personnelles et de groupe suite aux questions de l’animateur René Cormier, également réalisateur du spectacle.
«Il n’a pas été facile de remettre le groupe ensemble pour ces deux spectacles», de dire Patricia Richard. «Ça a pris toute une logistique pour avoir une première réunion en zoom. Le directeur général du Festival acadien nous a présenté 121 possibilités de rencontres et une seule faisait l’affaire de tous.»
Arrivé à Caraquet le dimanche 15 juillet, le groupe a commencé à répéter en vue des représentations du 17 et 18 juillet.
«Ça me ramène 20 ans plus tard et comment j’ai vieilli», dit Patricia Richard en riant. «Lorsqu’on se retrouve avec le groupe, on réalise qu’il y a quelque chose d’unique. La magie entre nous autres est restée pareille et c’est même plus profond. L’amitié entre les quatre filles est incroyable. Au cours des années nous avons toutes vécu de gros défis, mais nous nous sommes appuyées entre nous.»
Retour en arrière
Patricia Richard ajoute que c’était tout un changement pour elle d’arriver à Caraquet en 2004, une région qu’elle ne connaissait pas, pour passer une audition. «J’étais infirmière, une jeune maman pleine d’énergie d’un fils de 15 mois, que j’avais laissé chez nous à l’Île. J’ai vite réalisé que notre culture acadienne y était bien vivante et qu’on n’avait pas peur de monter le drapeau acadien à Caraquet. La gang de Caraquet, c’est un autre monde», dit-elle.
«Après les nombreuses représentations d’Ode pendant neuf ans, je suis retournée à l’Île et je n’ai plus travaillé comme infirmière», d’ajouter Patricia. «J’en avais parlé avec tante Angèle et elle m’avait dit que je pouvais aider le monde autant avec ma musique.»
Patricia Richard a travaillé à faire la promotion des services de santé en français et elle est maintenant au Conseil scolaire-communautaire Évangéline, à titre d’agente de développement.
Elle ajoute que, dans le temps, ses beaux-parents demeuraient à Néguac et sa belle-mère aimait bien s’occuper de son petit-fils Julien. «C’est grâce à eux que j’ai pu vivre cette belle aventure aussi longtemps», ajoute-t-elle.
Version 2024
C’est avec la chanson Le monde de par chez-nous d’Angèle Arsenault que Patricia a débuté le spectacle. Le groupe en a interprèté trois autres de cette grande artiste acadienne : Évangéline Acadian Queen, Grand-Pré et Y’a une étoile pour vous. «Je sais qu’elle est là lorsqu’on les chante», de poursuivre Patricia. «Angèle a su raconter des histoires de l’Acadie, des incontournables et elle doit être tellement contente que l’on continue. Elle aimait tous les artistes.»
Par l’entremise d’enregistrements vidéo, plusieurs artistes ont rendu hommage à Paul Marcel Albert, idéateur de ce projet et directeur général du Festival acadien de Caraquet pendant de nombreuses années.
Roland Gauvin, Marie-Jo Thério, Édith Butler, Zachary Richard, Lennie Gallant, Rose-Marie Landry l’ont remercié pour son courage et sa vision et pour tout ce qu’il a fait pour les artistes. «Les gens te doivent beaucoup de t’être accroché à tes rêves et d’avoir rendu pas mal de choses possibles», de dire Marie-Jo.
«Ode à l’Acadie est le résultat d’un travail d’équipe et seuls nous n’aurions pu le faire», d’ajouter Patricia. «Il faut reconnaître le gros travail fait par Paul-Marcel Albert. Je n’oublierai jamais nos répétitions au début, il nous traînait partout à Caraquet et nous faisait chanter au Tim Horton’s, à la Coop et arrêtait même le trafic pour que les gens nous écoutent. Il croyait tellement en ce projet et une fois tous les morceaux ensemble, la communauté a embrassé Ode à l’Acadie et ça continue après 20 ans.»
Elle souligne également les autres membres de l’équipe qui les ont accompagnés, dont René Cormier comme directeur artistique. «C’était agréable de partager la scène avec lui au cours de ces deux spectacles. Il a joué un rôle unique qui nous a permis de tisser tous ces liens.»
Les deux spectacles-bénéfice pour le Festival acadien ont été présentés à guichet fermé avec 900 personnes chaque soir.
Y aura-t-il une suite à ces spectacles ? «Cette rencontre a certainement ressuscité l’envie d’explorer les possibilités d’en refaire», de conclure Patricia, «il est évident que la flamme est toujours là.»