Edna Gallant de Saint-Chrysostome est une artiste peintre dont la réputation dépasse de plus en plus les frontières de la région Évangéline. Autodidacte, si on exclut les quelques cours et les «mille et les mille vidéos» qu’elle a regardés sur YouTube, elle n’arrête pas de pousser son exploration aux limites de son talent, qu’elle n’a certes pas atteintes. C’était un plaisir de passer quelques heures avec elle dans son studio.
Membre de la coopérative d’artistes La Palette et de quelques autres regroupements d’artistes, Edna Gallant a toujours été attirée par les arts et surtout, par l’artisanat. «Dans le passé, j’ai fait beaucoup de couture et de scrapbooking, et j’ai encore une salle remplie de fournitures dont je ne veux pas me débarrasser tout de suite, car on ne sait jamais quand ni comment ça peut encore servir», dit-elle en ouvrant tiroir après tiroir, pleins et très bien classés par catégorie de fourniture.
Mais c’est dans son atelier studio, aménagé dans le sous-sol de sa maison, qu’elle opère maintenant sa magie. «La plupart de temps, je ne sais pas à l’avance ce que je vais faire. Je place un canevas sur le mur et de le voir blanc, ça m’intimide alors je le barbouille pour avoir un fond, sur lequel je peux construire, du foncé vers la lumière. Très souvent, c’est la toile qui me dit ce que je dois faire ressortir.
Quand je travaille sur une peinture, j’oublie tout. Je rentre dans un espace de paix et de calme dans ma tête. Tous mes soucis disparaissent. C’est comme une évasion et, au bout de ce “voyage“, j’ai une peinture. Je peux travailler jusqu’à trois jours complets sur une peinture. Pour d’autres, ça va plus vite», admet-elle.
Edna Gallant devant une des premières peintures qu’elle a réalisées. (Photo : J.L.)
Edna Gallant et son mari Julien ont construit leur maison à Saint-Chrysostome en 2015. «C’est vraiment quand j’ai déménagé ici que j’ai commencé à peindre, mais j’avais déjà l’habitude de regarder des vidéos sur YouTube. À un moment donné, j’ai eu la maison pour moi toute seule pendant quatre jours. Je me suis lancée. Et vous savez quoi? Une des peintures que j’ai faites pendant ces quatre jours est encore une de mes préférées, avec les grandes fleurs de pavot.
Quand tu commences, c’est un sujet idéal. J’avais très peu de fournitures. Je pense que j’ai peut-être même utilisé du plâtre à construction pour faire une texture. Maintenant, j’utilise des médiums plus raffinés, mais dans mes outils, il y a toutes sortes de choses : des brosses pour les sourcils et de la peinture à cheveux, tout ce qui peut m’aider à faire une texture. Et j’adore ça. Je ne jette pratiquement jamais rien», dit-elle.
Une colleuse
Edna Gallant aime particulièrement faire du collage. Elle collectionne depuis quelque temps d’anciens magazines, et elle s’en sert pour créer des images composées, et raconter des histoires. «Celui-ci, dit-elle en tenant un magnifique collage vertical, c’est mon interprétation de Mère Nature. J’ai ramassé des images qui illustrent la nature, et je les ai placées, et déplacées, et replacées je ne sais plus combien de fois, pour trouver une combinaison que j’aimais. Certaines images sont telles quelles, mais pour d’autres, j’ai repeint par-dessus, pour les faire ressortir ou pour les modifier un peu. Surtout lorsque j’utilise des photos de visages. Ça me déplairait que quelqu’un reconnaisse quelqu’un.»
Pour ce collage, Edna a voulu représenter une vision de Mère Nature et de son oeuvre. (Photo : J.L.)
C’est en suivant quelques cours avec Lise Genova, artiste peintre de Summerside, qu’elle a découvert la technique du collage et les possibilités que cela pouvait offrir, «surtout quand, comme moi, on ne peut pas dessiner», dit-elle avec conviction.
En juin dernier, elle a fait don d’une magnifique toile à la résidence où sa mère, Alta, vit depuis déjà plusieurs années, le Chez-Nous à Wellington.
La peinture, qui représente un geai bleu, est placée dans le corridor, en face de la porte de l’appartement de sa mère. «Il y a des années, j’avais acheté ce canevas dans une vente de garage. Il était fait à la main et je pouvais voir qu’il y avait une image sous la dernière couche de peinture. Ça me déplaisait de peindre par-dessus et de le mettre en vente, car il y avait quelque chose qui ne m’appartenait pas, en dessous. Quand j’ai eu l’idée de faire une peinture pour Le Chez-Nous, j’ai tout de suite pensé que ce canevas serait idéal», dit Edna Gallant.
Cette peinture a pour titre : Que la vie est belle - Comme la vie est belle. «J’avais dit à maman il y a longtemps que je devais faire une peinture pour le Chez-Nous, le centre de soins communautaire où elle vit maintenant. C’est un don au Chez-Nous pour les merveilleux soins qu’ils apportent à nos proches», dit-elle sur sa page Facebook. (Photo : J.L.)
Ces quelques lignes ne rendent aucunement justice au travail d’Edna Gallant, qui est inspirante autant qu’inspirée. Dans son atelier, il y a toujours une petite œuvre que sa mère a faite il y a longtemps et, juste à côté, une photo de son oncle, feu père Adrien Arsenault, qui était lui aussi artiste peintre.
Elle conserve des photos de toutes ses oeuvres sur sa tablette et les regarde de temps à autre. (Photo : J.L.)