Il y a environ un an, Angie Arsenault, nouvellement revenue à l’Île-du-Prince-Édouard, affirmait à La Voix acadienne qu’elle avait envie de faire de grandes toiles abstraites, alors qu’elle faisait, à ce moment-là, des petites toiles figuratives. Un an plus tard, elle présente sa collection À la mer, qui regroupe plusieurs toiles grand format, abstraites mais aussi figuratives. «C’est surréel», dit-elle.
Montées sur des chevalets de bois de pin et de métal noir, les oeuvres d’Angie Arsenault forment un arc de cercle dans la cafétéria du Carrefour de l’Isle-Saint-Jean, où se déroule l’événement Soup’art des Rendez-vous de la Francophonie. De fait, la toute première exposition à vie d’Angie Arsenault est la partie «art» de l’activité qui fait un retour après la pandémie.
«Je me sens vulnérable. J’ai fini mes oeuvres et maintenant, je les soumets au public, sans filtre. C’est une étape importante et je suis heureuse de la réception des gens. Les commentaires sont bons», dit Angie Arsenault de Summerside.
Une passion et un besoin
«Étant de retour à l’Île, après avoir vécu à Montréal 20 ans, j’avais une envie tellement grande de m’exprimer, que j’ai fait l’investissement de temps et d’argent qu’il fallait pour le faire. Dans ma première collection, Home on the red Island, que j’ai lancée en novembre dernier, j’ai vendu 18 toiles. Je ne m’attendais certes pas à cela. Ça m’a donné la permission de continuer. Dès le lendemain, j’ai été m’acheter de nouveaux canevas pour poursuivre mon exploration. Je peins chaque jour et j’ai envie de peindre chaque jour. C’est devenu essentiel dans ma vie. J’espère pouvoir continuer à le faire. Il me semble qu’il me reste plein de choses à dire, à exprimer, que je ne sais pas comment exprimer autrement que par la peinture», dit l’artiste.
À la mer, mais pas de bleu
Curieusement, la collection à la mer ne contient pas de bleu. Pas de cieux bleus, pas de couchers de soleil sur l’eau, pas de vaguelettes turquoises, et c’est intentionnel selon l’artiste.
«J’ai voulu limiter ma palette expressément, à la recherche d’un certain esthétisme. Lorsque j’ai commencé à peindre, je mettais du bleu partout. Tout était bleu. Maintenant, on dirait que je n’ai plus besoin de mettre du bleu. Je joue sur les textures, le mouvement, j’aime beaucoup les volutes, comme des mouvements de danse contemporaine, et je tente de les incorporer dans mes oeuvres pour créer l’impression de fluidité.»
Son retour dans son île natale lui a aussi fait prendre conscience de la fragilité de l’environnement. «Je veux que l’Île reste sur l’eau et qu’elle ne disparaisse pas sous l’eau. Récemment, je me suis associée aux Island Nature Trust pour une collecte de fonds. Ça me tient à coeur car je me sens parfois un peu coupable d’acheter des canevas enveloppés de plastique ou autre. Je fais le maximum pour réduire mon impact mais je ne peux pas le réduire totalement. Alors je contribue à une oeuvre environnementale qui me tient à coeur, pour soulager un peu ma conscience», raconte celle qui est reconnaissante que son île natale soit encore là pour l’accueillir et l’inspirer.
Dans un autre registre, Angie Arsenault a récemment donné une toile pour une collecte de fonds au profit du Kids Help Phone. «Ce sera en avril. C’est très bien organisé. Si je vends ma toile, un déménageur de l’Île viendra la chercher pour l’envoyer n’importe où dans le monde. J’ai hâte de voir ce qui va se passer», dit-elle.
Même si elle parait très en contrôle de son message et de son image de marque sur les réseaux sociaux, Angie Arsenault avoue que ça ne lui vient pas naturellement. «Parfois, c’est gênant, mais c’est aussi une source de satisfaction quand je sens que le message passe», dit Angie Arsenault, qui n’a certainement pas fini de s’exprimer. À quand la prochaine collection?