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Par Jacinthe Laforest 
Antoinette Perry aime les bonnes choses et aime aussi les partager.  À sa table, il y a très souvent du fromage fin et du chocolat. (Photo : J.L.)

Dès l’annonce de sa nomination au poste de lieutenante-gouverneure, en 2017, Antoinette Perry a mis sa propre vie sur «pause» pour se consacrer à son rôle.   «J’étais très consciente que je représentais la monarchie et que j’étais en service 24 heures sur 24, sept jours par semaine», dit la dame, maintenant installée dans sa maison de la rue Church à Tignish.  

«Cela m’a manqué de recevoir et de faire la cuisine.  J’ai pu recevoir et cuisiner un peu à Charlottetown, mais pas autant que j’aurais voulu», dit Antoinette Perry, qui a été lieutenante-gouverneure de l’Île-du-Prince-Édouard de 2017 à 2024, un mandat qui a couvert la période de la COVID-19.  

Encore aujourd’hui, elle s’interroge sur les raisons pour lesquelles elle a été choisie.  Je pense que ce qui a fait la différence, c’est mon engagement dans ma communauté, comme enseignante, comme personne-ressource en musique et comme bénévole.  Après mes études à l’Université de Moncton, j’ai consciemment décidé de revenir enseigner à Tignish parce que le besoin était là.  J’ai agi sur le local.  J’ai dirigé la campagne pour la restauration de l’orgue Louis Mitchell en 2011.  Encore aujourd’hui, je suis fière de ce projet», dit la musicienne.  

Alors que la période des Fêtes et des vacances approche, Antoinette Perry sera plus occupée que jamais.  «Je vais jouer de l’orgue pour plusieurs messes en français et en anglais durant les Fêtes.  Nous aimerions former d’autres organistes, car on manque de relève», dit-elle.

Les semaines sont bien chargées, entre les préparatifs des fêtes, les répétitions de la chorale et les obligations familiales.  

«Je ne veux pas prendre trop d’engagements, pour rester disponible à ma famille.  Ça m’a manqué, pendant les sept dernières années, de participer aux événements de la famille.  J’ai pu assister à quelques-uns, mais pas tous.  Ce n’est pas un vrai regret, mais ça m’a manqué.  J’ai vraiment eu l’impression que j’avais mis ma vie personnelle en suspens.»

Travail de 24-7 

Le travail d’un lieutenant-gouverneur est très exigeant.  «J’ai tenté de répondre à toutes les invitations et partout où j’allais, j’étais la plus présente possible, engagée dans l’action.  La première année, j’ai participé à 400 événements.  La seconde année, 375.  Puis, la pandémie a frappé.  En 2023, après la reprise, on a compté 391 engagements.  J’aurais voulu aller dans chaque école, pour parler du rôle de lieutenant-gouverneur. J’ai visité une vingtaine d’écoles avant la pandémie.»

Pendant la pandémie, les fonctions publiques ont ralenti.  Antoinette Perry a décidé de faire une vidéo pour expliquer son rôle.  Cette vidéo est même utilisée dans des programmes d’enseignement en Ontario et madame Perry a participé à une visioconférence avec une école française de la Saskatchewan.

2019 et 2020, des années charnières 

Antoinette Perry a obtenu ses armoiries en 2019, pendant l’année du Congrès mondial acadien.  «Pendant le CMA, j’ai participé à 30 événements.  Je me suis donnée», estime-t-elle.  

2020 est arrivé, année du 300e anniversaire de la présence française à l’Île-du-Prince-Édouard.  «Lorsqu’on m’a présenté le livre du 300e produit par le ministère de l’Éducation, j’ai eu la surprise, et la déception, de voir que les contributions de ma mère [Anne-Marie Perry] pour la survie du français à Tignish n’ont pas été jugées dignes de mention.  J’ai vu combien elle a travaillé pour ramener le français dans les écoles.  Oui c’était l’immersion.  Mais en 1979, c’était tout ce qu’on avait.  Elle a aussi travaillé pour que nous ayons des messes en français.  Elle a été reconnue par l’ensemble du Canada et elle ne figure pas dans ce livre.  Et moi-même, première femme acadienne lieutenante-gouverneure de l’Île, je ne suis pas mentionnée», dit-elle.

Santé, bienveillance et reconnaissance

Atteinte du diabète de type 2, Antoinette Perry surveille son alimentation.  «Si je suis malade, je ne sers à rien, à personne alors je prends soin de moi.  J’aime encore les bonnes choses, les fromages fins, les chocolats au gingembre confit et la bonne nourriture.  En grandissant, avec le magasin de nos parents, nous avions des bonbons à portée de la main.  Mais quand notre père arrivait avec des fromages, c’était une vraie traite», dit celle qui a conservé un attrait marqué pour les fromages fins et qui les sert à ses invités avec générosité, pour le plaisir de partager de bonnes choses.  

Son principal message après ses années dans le rôle de lieutenante-gouverneure de l’ÎPÉ est simple : «Engagez-vous dans la communauté où vous habitez.  C’est la seule façon pour que la vie s’améliore.  Donnez ce que vous pouvez donner.  Quand on sort de soi-même pour donner aux autres, ça nous revient toujours», assure-t-elle.  

Cuisinière et hôtesse

Même avant d’être appelée à Charlottetown, Antoinette Perry avait pris l’habitude de donner les conserves maison et des pâtés en cadeau de Noël.  Dans le contexte du Festival du pâté acadien, Antoinette Perry partage quelques-uns de ses secrets.  «Ça prend de l’épaule de porc, avec les os.  Au fil des années, dans la famille, on a découvert qu’en ajoutant le haut de cuisse de dinde, ça améliore le goût. Et personnellement, je trouve que la viande de jeune poulet se défait trop facilement.  Je préfère la viande des poules pondeuses pour les pâtés, même s’il faut la cuire plus longtemps.»

Évidemment, toute cette viande est cuite d’avance puis apprêtée, dégraissée et assaisonnée, avant d’être répartie dans des abaisses.  Dans la famille Perry, on utilise une recette proche du biscuit à la poudre à pâte augmentée du jus et du gras de cuisson des viandes.  

Antoinette Perry adore cuisiner et sa maison, nouvellement construite, lui permet de cuisiner et de recevoir des amis et des parents.  

2-perry.jpgPendant qu’elle poursuivait son mandat à Charlottetown, Antoinette Perry a aussi supervisé la construction de sa nouvelle maison.  Le coin piano est évidemment important.  Remarquez la petite armoire de type show case encastrée dans le mur à droite.  Elle y crée des vignettes saisonnières où elle met en vedette des cadeaux qu’elle a reçus. (Photo : J.L.)

3-perry.jpgAntoinette est particulièrement fière de son espace «pantry» derrière la cuisine, où elle a tout à portée de la main.  (Photo : J.L.)

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