Le vendredi 27 janvier, le Carrefour de l’Isle-Saint-Jean a organisé à Charlottetown un 5 à 8 pour célébrer la Journée mondiale de la culture africaine et afro-descendante. Plusieurs francophones présents à la soirée saluent une initiative qui aide à changer les regards et sensibiliser la communauté à la diversité.
«Ça nous permet de faire des rencontres et de passer notre culture», se réjouit Rosette Bobo, arrivée de République démocratique du Congo en 2012.
Le vendredi 27 janvier, le Carrefour de l’Isle-Saint-Jean célèbre la Journée mondiale de la culture africaine et afro-descendante. Pour l’occasion, le centre scolaire-communautaire de Charlottetown organise un 5 à 8 qui met à l’honneur les cultures des francophones de l’Île-du-Prince-Édouard, originaires d’Afrique.
Environ 70 personnes ont participé au 5 à 8 organisé par le Carrefour de l’Isle-Saint-Jean pour célébrer la Journée mondiale de la culture africaine et afro-descendante. (Photo : Marine Ernoult)
En cuisine, plusieurs femmes s’activent derrière les fourneaux pour préparer des mets traditionnels de leur pays d’origine.
La camerounaise Muriel Kembou est en train de cuire des beignets tandis que l’ivoirienne Evelyn Botty cuisine de l’alloco, des bananes plantain frites avec de l’oeuf bouilli, le tout accompagné d’une pâte de piment.
Toutes les deux saluent l’initiative du centre scolaire-communautaire.
De nombreuses personnes rejoignent la piste pour danser sur des airs de rumba congolaise et de makossa camerounaise. (Photo : Marine Ernoult)
«On partage la richesse de l’autre»
«Dans la vie de tous les jours, personne n’a le temps de vraiment se parler, on se salue, mais ça ne va pas au-delà de la politesse», considère Evelyn Botty, éducatrice à la garderie l’Île Enchantée à Charlottetown, arrivée dans la province en mai 2022.
«Ici on tisse des liens, on partage la richesse de l’autre et on apprend à mieux se connaître», poursuit-elle.
«C’est enrichissant de rassembler des personnes d’horizons divers, on ne se connaît pas assez sinon, renchérit Muriel Kembou, étudiante au Collège de l’Île depuis septembre dernier. C’est une manière d’éduquer la communauté à nos différentes cultures, à nos styles de musique, à notre cuisine.»
Rassembler la communauté au-delà des différences, c’est précisément l’objectif d’Emile Gallant, le directeur général du Carrefour de l’Isle-Saint-Jean : «On veut faire des activités qui reflètent la diversité des francophones, la nouvelle Acadie avec des gens qui viennent de partout.»
Muriel Kembou et Evelyn Botty préparent des plats traditionnels ivoiriens et camerounais en cuisine. (Photo : Marine Ernoult)
Environ 70 personnes participent à la soirée. Pendant le repas, plusieurs immigrants prennent la parole pour présenter leur pays d’origine.
«Des soirées communautaires comme ça aident à changer les regards, il en faut plus», insiste Rosette Bobo qui a cuisiné du riz épicé et du poulet pour l’occasion.
La Congolaise se souvient encore de ses premières années à l’île. Elle évoque une «intégration difficile» : «Il n’y avait pas beaucoup de monde de chez nous, je me sentais stressée et isolée
au bout du monde.»
Evelyn Botty, originaire de Côte d’Ivoire, a cuisiné de l’alloco, des bananes plantain frites avec de l’œuf bouilli, le tout accompagné d’une pâte de piment. (Photo : Marine Ernoult)
Des regards «qui ne font pas du bien»
À plusieurs reprises, elle songe à rentrer en République Démocratique du Congo, mais tient le coup pour les nouveaux arrivants qui débarquent fraîchement d’Afrique.
«Je voulais les aider dans leurs démarches, à l’époque, rien que pour trouver de la nourriture à laquelle on est habitué c’était difficile», partage-t-elle.
Surtout, Rosette Bobo témoigne de regards «qui ne font pas du bien» : «Il y avait des gens qui te dévisageaient des pieds à la tête quand t’allais faire l’épicerie.»
«C’était vraiment ennuyant, c’est en train de changer depuis quatre, cinq ans, mais ça n’a pas complètement disparu», ajoute-t-elle.
«Des soirées communautaires comme ça aident à changer les regards, il en faut plus», considère Rosette Bobo, originaire de République démocratique du Congo. (Photo : Marine Ernoult)
Après le souper, des dizaines de personnes rejoignent la piste de danse et se déhanchent au son de rumba congolaise et de makossa camerounaise. La soirée se termine dans une ambiance endiablée.
Le Carrefour de l’Isle-Saint-Jean planifie désormais un 5 à 8 par mois pour mettre à l’honneur les différents pays d’origine des francophones de l’Î.-P.-É.
À partir de septembre, Emile Gallant espère également organiser un 5 à 8 tous les vendredis soir, «juste pour un verre et une jasette», avec l’envie de faire du Carrefour de l’Isle-Saint-Jean une «place de rencontre familiale» pour les nouveaux arrivants.