En fin de semaine dernière, le nouveau directeur de Jeunesse acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard (JAFLIPE) a tenté de relancer un organisme à l’arrêt. Lors d’une soirée, vendredi 12 janvier, suivie de l’assemblée générale annuelle, samedi 13 janvier, il a évoqué son plan de restructuration, mais aussi sa volonté de consulter et de travailler avec les jeunes. En l’absence d’un nouveau conseil d’administration, un bureau intérimaire a été créé.
«C’est une soirée dédiée à la détermination, aux petits pas et aux petites victoires», a déclaré Audrick Mofor, nouveau directeur général de Jeunesse acadienne et francophone de l’Île-du-Prince-Édouard (JAFLIPE).
Le vendredi 12 janvier, à l’occasion de la soirée «Spectacle Spectaculaire», organisée au Carrefour de l’Isle-Saint-Jean à Charlottetown, Audrick Mofor a voulu remettre JAFLIPE dans la «conscience collective» et annoncer à toute la communauté que «beaucoup de changement arrive».
Entre 25 et 30 personnes étaient présentes, «plus d’adultes que de jeunes», reconnaissait volontiers le responsable communautaire, qui évoquait «encore beaucoup de doutes et de réticences».
Depuis seize mois, JAFLIPE est à l’arrêt. «On repart de zéro», résume Audrick Mofor. Karine Silva, la consultante embauchée par JAFLIPE pour relancer la machine, parle elle de «dormance».
L’organisme ne compte plus aucun adhérent et les sièges du conseil d’administration sont vides.
JAFLIPE se lance donc dans une restructuration totale, avec l’objectif d’élaborer une planification stratégique pour 2024-2029 et un plan d’action.
Karine Silva est la consultante embauchée par JAFLIPE pour élaborer la planification stratégique pour 2024-2029 et un plan d’action.
Reprendre le «lead»
L’organisme enverra des sondages aux élèves des six écoles francophones de la province, avant d’aller à leur rencontre dans les salles de classe. Audrick Mofor veut également prendre rendez-vous avec les directions scolaires.
«On veut savoir ce que pensent les élèves de la mission actuelle de JAFLIPE, si les valeurs leur parlent encore», détaille Karine Silva.
Audrick Mofor, qui se qualifie lui-même de «fonceur», se donne trois mois pour repenser l’organisation.
«La jeunesse a besoin de JAFLIPE, ça se sent, il y a plein d’énergies disparates, de projets pour la jeunesse à droite et à gauche. Il faut qu’on reprenne le lead», affirme-t-il.
Il pense créer des groupes sur Instagram et TikTok pour rejoindre les jeunes. Il veut revenir à l’essence du par et pour : «Ce sont les jeunes qui doivent nous dire de quoi ils ont besoin, quelles activités ils veulent.»
Mais il a déjà quelques projets en tête. Il aimerait notamment créer un «espace polyvalent» pour permettre aux jeunes de différentes régions de se rencontrer et de parler français à la sortie de l’école, «sans avoir nécessairement besoin d’une activité sportive ou culturelle».
«On doit trouver des manières de faire parler les jeunes en français en dehors des écoles, les convaincre de l’importance de notre langue pour la survie de notre culture», abonde dans le même sens Hayden Cotton, étudiant en première année à la Faculté d’éducation de l’Université de Moncton.
L’Acadien, originaire de Kensington, se dit inquiet pour l’avenir de sa communauté : «De plus en plus de jeunes parlent anglais.»
Hayden Cotton, originaire de Kensington, a été élu président du bureau intérimaire de JAFLIPE.
«Construire un grand réseau»
Dans la foulée du «Spectacle spectaculaire», l’assemblée générale annuelle de JAFLIPE s’est tenue samedi 13 janvier. En l’absence d’un nombre de participants suffisants, l’organisme n’a pas pu élire les nouveaux membres de son conseil d’administration.
Pour «capitaliser sur les quelques personnes présentes», Audrick Mofor a néanmoins mis sur pied un bureau intérimaire, composé de sept jeunes. Hayden Cotton en a été élu le président par intérim. À ses côtés figurent Vincent Gallant, Muriel Kembou, Juliette et Héloïse Brugali ainsi que Franch Kana.
«J’ai vraiment la volonté de m’impliquer plus dans la communauté, la COVID m’a révélé à quel point on avait besoin d’activités rassembleuses», insiste Hayden Cotton.
Sa participation récente au Parlement jeunesse pancanadien à Ottawa a sonné comme un déclic : «Ça m’a montré que plein de gens à travers le pays ont le français à cœur et qu’on peut se faire des amis en français n’importe où.»
Un avis que partage Muriel Kembou, étudiante au Collège de l’Île, arrivée à l’Île-du-Prince-Édouard en août 2023 : «JAFLIPE et le français, c’est l’opportunité de créer des liens avec des jeunes d’autres régions.»
«J’espère qu’on arrivera à construire un grand réseau», renchérit Franch Kana, lui aussi étudiant au Collège de l’Île, arrivé en août 2023.
En attendant, JAFLIPE espère organiser sa prochaine assemblée générale en mai ou juin prochain.
Entre 25 et 30 personnes étaient présentes à la soirée «Spectacle Spectaculaire». Aux yeux d’Audrick Mofor, c’est un premier petit pas encourageant.