Communauté
Par Jacinthe Laforest 
De gauche à droite, devant l’entrée de la maisonnée Ol’ Time Square (Bon vieux temps), on voit Constance Gilman, coordonnatrice d’activités, Mélissa Arsenault, coordonnatrice du projet de maisonnée bilingue, Élise Arsenault, directrice du Réseau Santé en français ÎPÉ et Darlene Oakes, administratrice des soins de longue durée en milieu rural. (Photo : J.L.)

Bien qu’il reste encore beaucoup à faire pour que le voisinage francophone soit pleinement opérationnel à la résidence de soins de longue durée Maplewood à Alberton, le processus est bien enclenché et les résidents de langue maternelle française profitent déjà des changements qui s’opèrent graduellement.

La résidence Maplewood est le troisième établissement à constituer un voisinage francophone, après le Summerset à Summerside et le Beachgrove à Charlottetown.  «Ici au Maplewood, nous avons profité de l’expérience des deux autres foyers pour notre projet.  La pandémie nous a ralentis, mais tout de même, nous travaillons sur ce concept depuis trois ou quatre ans.  Ça ne se fait pas du jour au lendemain», affirme l’administratrice de l’établissement, Darlene Oakes.

Le personnel du Maplewood a été accompagné par le Réseau Santé en français de l’Île, avec du financement de la Société Santé en français (Santé Canada), entre autres tout au long du processus, ce qui a permis l’embauche de la coordonnatrice du projet, Mélissa Arsenault, dont le contrat a été prolongé de deux ans.  L’Entente Canada-ÎPÉ sur les services en français fait aussi partie de la structure de financement.  

«Un projet comme celui-ci, qui comporte de si nombreuses composantes, ne peut se faire que si quelqu’un s’y consacre à temps plein», affirme Élise Arsenault, directrice du Réseau Santé en français, qui se réjouit des progrès qu’elle constate.  

Le foyer Maplewood compte 48 résidents, répartis dans quatre voisinages ou maisonnées de 12 résidents.  Le choix du voisinage qui serait désigné bilingue a été déterminé au terme d’un vote mené dans l’établissement.  C’est le voisinage Ol’ Time Square qui a été choisi pour devenir «Ol’ Time Square Bon vieux temps».  

Prochaines étapes

Sur les 48 résidents qui habitent actuellement au Maplewood, 12 parlent français.  Ils ne seront pas automatiquement regroupés dans la nouvelle
maisonnée bilingue.  «Ça se fera graduellement, au fur et à mesure que les lits se libéreront et que les clients en attente choisiront ce voisinage dans leurs préférences, au moment de remplir leur demande.  C’est aussi graduellement que le personnel ayant une capacité bilingue sera mis en place, en tenant compte des exigences syndicales», explique l’administratrice.  

Actuellement, sur les quelque 100 membres du personnel, plusieurs sont déjà bilingues à divers degrés.  «Nous travaillons avec la Commission de la fonction publique provinciale pour déterminer leur niveau de compétence en français, et nous avons aussi environ 13 employés qui suivent des cours de français en ligne.  Mais, même les employés qui ne sont pas bilingues font des efforts.  Plutôt que de demander aux résidents de répéter en anglais, ils font l’effort de comprendre ou de chercher quelqu’un qui comprend», explique Mélissa Arsenault.  

L’administratrice de l’établissement, Darlene Oakes, est quant à elle très consciente qu’avec l’âge qui avance, les personnes (peu importe leur langue) ont tendance à revenir à leur langue maternelle.  «Je vois ça comme une obligation de notre part d’accueillir ces personnes le plus complètement possible dans cette étape de leur vie, incluant leurs besoins de se sentir comprises», a-t-elle indiqué.  

Implication de la communauté

Depuis plusieurs années, le Conseil Rev.-S.-É.-Perrey, par l’entremise du Club des cœurs joyeux, maintient une relation avec les résidents du foyer Maplewood, au moyen d’activités ponctuelles de musique ou autres, avec l’appui du Réseau Santé en français de l’ÎPÉ et des fonds du programme Nouveaux horizons.  

La directrice du Conseil Rév.S.-É.-Perrey, Monique Arsenault, se réjouit que cette maisonnée francophone bilingue devienne réalité.   «Nous en entendons parler depuis plusieurs années.  Maintenant, les personnes qui ont vécu en français toute leur vie vont pouvoir continuer à parler français.  Les responsables ont travaillé très fort.  Nous les remercions et avons hâte de continuer à travailler ensemble», indique Monique Arsenault.  

Plusieurs membres du Club des cœurs joyeux étaient présents lors de la fête de dévoilement du projet le lundi 19 juillet.  La présidente du regroupement qui compte plus de 90 membres, Freda Bénard, est convaincue que ce projet sera bénéfique pour les résidents de langue française d’aujourd’hui et de ceux qui s’en viennent.  «Et en plus, c’est bon aussi pour nos jeunes francophones qui vont avoir de nouvelles opportunités d’emplois», dit-elle.  

En attendant d’exister sous la forme d’une maisonnée désignée bilingue, localisée géographiquement dans l’édifice, le concept est appliqué de manière à joindre les clients visés là où ils sont, peu importe dans quelle maisonnée ils se trouvent.  «Nous avons notre club français chaque semaine.  Nous faisons diverses activités avec les résidents de langue française», précise Mélissa Arsenault.  

De plus, en novembre dernier, le foyer Maplewood a embauché Constance Gilman à titre de coordonnatrice des activités récréatives.  «Ça tombait tellement bien pour notre projet de voir arriver une candidate bilingue.  Pour moi, c’était un signe qu’on trouvera les ressources pour réaliser notre projet», indique l’administratrice.

Le dévoilement de cette belle initiative se produit alors même que les restrictions des derniers mois se font de plus en plus faciles à supporter.  «Vraiment, nous avons vécu une période terrifiante.  Nous voyions ce qui se passait dans les autres provinces et nous avions peur», dit celle qui sait, avec l’expérience de la COVID, que son personnel est plein de ressources et capable de relever tous les défis.  

Andrea Wedge, avec sa mère Rita Perry, résidente du foyer Maplewood et sa sœur Cathy Kennedy.  (Photo : Sylvia MacIntyre) 

En signe de reconnaissance envers le personnel qui s’implique dans ce processus, Mélissa Arsenault a présenté à deux représentantes du pesonnel, Mary Doyle et Krista Bulger, une image acadienne.  Un résident francophone, Billy Downing, assiste à la présentation.  (Photo : J.L.) 

Le 19 juillet dernier, les résidents et des membres de la communauté ont été conviés à une petite fête musicale avec Louise Arsenault et son fils Jonathan Arsenault.  (Photo : J.L.) 

La présidente du Club des cœurs joyeux, Freda Bénard.  (Photo : J.L.) 

Plusieurs membres du Club des cœurs joyeux ont participé à la fête de dévoilement de la maisonnée bilingue au foyer de soins de longue durée Maplewood à Alberton.  Les membres du Club des cœurs joyeux visitent régulièrement les résidents francophones du foyer Maplewood, pour y faire des activités et pour apporter un peu de français aux résidents.  Cette collaboration va se poursuivre.  (Photo : Sylvia MacIntyre)

Abonnez-vous à La Voix acadienne pour recevoir votre copie électronique ou la version papier

Communauté