Claudette (Bernard) Arsenault et son mari John ont trois fils, dont un seul vit à l’Île. Les deux autres sont dans la région de Moncton. «Ils sont à deux heures de chez nous et on ne les a pas vus depuis huit mois. C’est long», dit Claudette, grand-maman sept fois.
Les grands-parents ont été particulièrement déçus lorsque les autorités ont annoncé que la bulle ne pourrait pas rouvrir comme prévu le 19 avril à cause de la recrudescence soudaine des cas de COVID-19 au Nouveau-Brunswick.
«On avait hâte au 19 avril. Ça nous donnait un objectif, on faisait des plans, et ça a tout changé. Mais on va être patients. On sait que nos enfants sont en sécurité, et ça nous rassure de savoir que les autres grands-parents ne sont pas loin. Au moins, on sait que s’ils ont besoin d’aide, ils peuvent compter sur eux», raconte Claudette Arsenault, avec philosophie.
Pendant quelque temps, John et Claudette ont considéré la possibilité d’aller faire un tour au Nouveau-Brunswick, quitte à s’auto-isoler au retour. «Mais avec les parents de John au Chez-Nous, l’incendie, l’Andrews, c’était trop compliqué. On a décidé d’attendre. On a fini par défaire le sapin de Noël au mois de février, mais j’ai gardé un petit sapin qui sera prêt à décorer dès que les enfants pourront venir. Les cadeaux sont encore là et la dinde est encore au congélateur. Ce sera un vrai Noël, et Pâques en même temps», se réjouit d’avance la grand-maman.
La COVID-19 empêche les familles de se réunir pour les occasions heureuses, mais également, lorsque les familles subissent des épreuves. «Lorsque ma sœur Alice est morte en novembre, c’est une occasion où notre famille aurait eu besoin de se réunir au complet. Ça n’a pas été possible».
Malgré les inconvénients et les misères causés par les mesures sanitaires, Claudette se trouve chanceuse que son fils aîné et sa famille habitent tout près. «On peut gâter nos petits-enfants qui sont tout près. On parle souvent aussi à nos petits-enfants au Nouveau-Brunswick, mais c’est plus difficile quand ils nous voient seulement par un écran. Les plus vieux ont autour de 3 ans et les plus jeunes, 1 an et moins».
Pour de jeunes enfants, ça peut être difficile de faire la différence entre des personnages de la télé, et des personnes qu’ils voient seulement sur un écran d’ordinateur, surtout s’ils ne se souviennent pas d’avoir vu ces personnes «en vrai». «On a un peu peur qu’ils nous oublient», dit Claudette.