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24 décembre 2020

Le 23 décembre 2020

- Jacinthe Laforest

Chez les Arsenault du clan «Élisée» on fabrique la râpure, non pas à la façon traditionnelle mais plutôt, en passant les patates au hachoir à viande.  C’est très rapide.

 

Le temps des fêtes est une période où les traditions font surface dans les familles.  Chez les Arsenault du clan des «Élisée» en particulier, on assaisonne le pâté acadien avec du clou de girofle et les patates pour la râpure ne sont pas râpées, mais plutôt passées au hachoir à viande manuel.  

 

Le mercredi 16 décembre, il faisait froid dehors, mais chez Mae et Tilmon Arsenault, sur Harmony Road, en bordure de la région Évangéline, il faisait une belle chaleur, grâce au poêle au centre de la pièce principale.  

 

Mae et Tilmon avaient accepté de faire une râpure à leur manière, au bénéfice des lecteurs et lectrices de La Voix acadienne.  Le rendez-vous était fixé pour 13 h.  À 13 h, les patates (environ 20 livres a estimé Tilmon) étaient pelées et coupées en grosses frites.  La viande de porc était cuite, les oignons étaient coupés et en plus, quelques pommes de terre avaient été cuites à l’eau et mises en purée.  

 

Le hachoir à viande était installé au bord de la table et Tilmon était prêt à tourner la manivelle, dès que Mae mettrait les morceaux de patate dans le col du hachoir à viande.  Comme pour une émission de cuisine à la télévision.  

 

Dès que la caméra s’est mise à tourner, la manivelle s’est mise en marche, à un bon rythme.  La technique du hache-viande, même si elle est plus récente que la technique du râpage, a l’avantage d’être rapide.  En quelques minutes, les patates sont prêtes.  

 

«On a toujours fait ça dans ma famille, les Élisée», confirme Tilmon.  Mae explique en renfort que son mari n’aime pas voir des filaments de patates dans la râpure.  «Ça lui fait zire.  Il préfère ne rien manger.  Il est difficile.»  Selon elle, tous les Élisée dans la région Évangéline font la râpure au hachoir, mais ils ne sont pas les seuls.  Chez Mae Arsenault également, la râpure se faisait au hachoir.   Cela a peut-être eu pour effet de réunir les deux familles, car plusieurs «Élisée» (trois frères), ont marié des filles de la famille Barriault, Mae, Martina et Alphonsine.  

 

La râpure au hachoir à viande n’est pas la seule particularité de la famille des Élisée : leur pâté acadien est assaisonné au clou de girofle.  Mae a appris à faire deux sortes de pâté : aux clous pour son mari et à la coriandre pour elle-même.  «Et quand il a fini de manger ses pâtés, il mange les miens.  Ici, on n’aime pas la sarriette», précise-t-elle, alors que la sarriette est l’un des aromates les plus souvent ajoutés aux pâtés traditionnels acadiens.  

Mae et Tilmon sont tous les deux de grands travailleurs et de bons vivants.  Même si Tilmon a les poumons fragiles, il se tient occupé avec leur petite ferme qui leur procure de bons œufs frais, de la viande de lapin pour les pâtés et ils ont aussi quelques brebis. Pour eux, c’est un passe-temps.  Sauf pour les quelques années où, jeune homme, il a fait la pêche, Tilmon a travaillé toute sa vie chez des producteurs de patates. Il cultive ses propres patates dans sa fermette, sans produits chimiques.  Ce sont ces belles grosses patates qui ont été hachées pour la râpure.  

 

Mae et Tilmon ont trois enfants et plusieurs petits-enfants, avec lesquels ils espèrent passer un peu de temps à Noël.  «Ça va être différent cette année.  Je ne sais même pas si on va pouvoir les voir et passer du temps avec eux. Ça pourrait changer assez vite», disait-elle en ce mercredi 16 décembre.  Et en effet, dès le jeudi 17 décembre, les consignes ont été modifiées pour permettre des rassemblements de 10 personnes, un nombre qu’une belle grosse râpure peut aisément nourrir. 

 

Les patates sont pelées et coupées en grosses frites pour être ensuite passée au moulin.  (Photos : J.L.)

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