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Par Jacinthe Laforest
Éric Tremblay (à gauche) a dirigé une équipe d’apprentis chercheurs durant l’été 2023 et à nouveau en 2024. Avec Jim Bernard, un membre de l’équipe qui est un aîné de la Première Nation de Lennox Island, il a lui aussi appris beaucoup. (Photo : J.L.)

Le 4 juillet dernier, Parc Canada et la Première Nation Mi’kmaq de Lennox Island ont signé une entente visant la création d’un nouveau parc national sur les terres entourant l’île Lennox.  En attendant que les détails de la gestion soient mis en place, une équipe d’apprentis chercheurs locaux, sous la direction d’Éric Tremblay de Parcs Canada, collecte des données sur le territoire visé par l’entente, tout en approfondissant la connaissance dudit territoire. 

Le parc national Pituamkek n’existe encore que sur papier.  Il faudra encore quelques années avant que les détails de la cogestion (Parcs Canada et la Première Nation Mi’kmaq) ne soient établis.  En attendant, le terrain est là qui attend de livrer ses secrets. 

Depuis deux étés, 2023 et à nouveau 2024, une équipe dirigée par Eric Tremblay de Parcs Canada conduit des inventaires de la flore, de la faune ailée (oiseaux et chauves-souris) en plus de recherchesarchéologiques.  L’ajout, en 2024, du capitaine Jim Bernard, aîné de la Première Nation de Lennox Island, ajoute un volet de transmission culturelle au projet. 

«C’est très riche ce que nous faisons.  Nous collectons et construisons une base de données dans le but que, lorsque l’équipe de gestion se mettra en place, une partie du travail aura été fait.  Notre travail a une valeur en soi, mais en plus, nous construisons des compétences locales.  C’est important pour la suite du projet», dit Eric Tremblay. 

Darcie Augustine a travaillé quelques années à Parc Canada avant de se joindre à l’équipe de chercheurs locaux, en 2023 puis en 2024.  Elle est contente de dire que la présence de petites chauves-souris brunes a été confirmée par ses recherches. 

«Nous captons les bruits ambiants sur une durée d’une à deux semaines puis nous analysons les données.  Les fréquences émises par les chauves-souris ne sont pas audibles pour l’oreille humaine, mais mon programme d’ordinateur les détecte.  Chaque race de chauve-souris a une fréquence qui lui est propre.  C’est ainsi que j’ai identifié la petite chauve-souris brune», dit la jeune femme. 

D’autres travaux seront nécessaires pour localiser la ou les colonies et constater sa bonne santé éventuelle.  «Nous avons aussi enregistré et identifié beaucoup d’oiseaux.»

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Darcie Augustine a beaucoup appris sur les chauve-souris durant ses deux étés.  Elle a entre autres pu confirmer la présence de la petite chauve-souris brune, à l’aide de son équipement spécialisé. (Photo : J.L.)

Des plantes rares 

Kelly Sark a, elle aussi, poursuivi ses travaux en botanique pour le second été de suite, en collaboration avec Kate MacQuarrie, la botaniste par excellence de l’Île-du-Prince-Édouard.  «Nous avons identifié de très nombreuses plantes dont certaines assez rares.  Pour les plantes les plus rares, je n’ai pas collecté de spécimen pour l’herbier.  J’ai seulement noté les coordonnées GPS.  C’est aussi ce que j’ai fait pour la plante vénéneuse que nous avons trouvée, la ciguë aquatique, pour laquelle il n’y a pas d’antidote.  Si vous en mangez, votre vie est finie», dit la jeune femme, qui affirme avoir appris beaucoup sur les propriétés des plantes au cours de ces deux derniers étés. 

Nouveau membre de l’équipe de chercheurs en 2024, le capitaine de bateau, et Keptin dans le Grand Conseil Mi’kmaq, Jim Bernard, a apporté avec lui un savoir culturel qui a enrichi les connaissances des plus jeunes.  De plus, avec son bateau, il a assuré les allées et venues de l’équipe entre l’Île Lennox et les autres îles incluses dans l’entente de création du parc national. 

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Kelly Sark travaille depuis deux étés à identifier, collecter des spécimen et cataloguer la flore des terres incluses dans l’entente de création du parc Pituamkek.  Elle a enregistré les coordonnées GPS des plantes, pour références futures.  C’est ce qu’on voit sur l’écran. (Photos : J.L.)

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Des connaissances précieuses

«J’ai, entre autres, montré à l’équipe comment récolter l’écorce de bouleau pour fabriquer les wigwams.  J’ai enseigné les légendes et j’ai pu répondre à beaucoup de questions.  Vous savez que l’écorce ne grandit pas avec l’arbre.  C’est pourquoi l’écorce roule.  C’est un peu comme un homard qui mue», explique-t-il.  Et c’est aussi pourquoi c’est possible de prélever l’écorce sans causer de blessure à l’arbre. 

Eric Tremblay confirme que l’enseignement culturel procuré par Jim Bernard aux apprentis chercheurs a été très enrichissant. 

On ne sait pas encore si les recherches se poursuivront l’été prochain.  «Pour nous, ça ne fait pas de doute qu’il y a encore beaucoup de travail à faire.  Nous avons seulement gratté la surface de ce qu’il y a à faire», confirme Éric Tremblay.

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Jim Bernard est le capitaine du bateau qui assure les allées et venues de Lennox Island vers les autres îles.  Il est aussi un Keptin dans le Grand Conseil mi’kmaq et a partagé beaucoup de son savoir avec les plus jeunes membres de l’équipe. (Photo : J.L.)

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