Le Comité permanent de l’éducation et de la croissance économique de l’Assemblée législative de l’Île-du-Prince-Édouard a accueilli des présentations des deux commissions scolaires de l’Île-du-Prince-Édouard : la public School Branch et la Commission scolaire de langue française. Un sujet en particulier était à l’honneur : le recrutement du personnel.
Autant à la Public School Branch qu’à la Commission scolaire de langue française, le recrutement du personnel qualifié, enseignant et non enseignant, est un réel défi. De un, les candidats manquent à l’appel et, de deux, les budgets alloués sont inadéquats plus souvent qu’autrement.
Les dirigeants des deux commissions scolaires ont pointé du doigt les formules établies depuis des lustres, pour mesurer les allocations budgétaires. Sans affirmer que ces formules n’ont jamais fonctionné, les dirigeants sont d’avis qu’elles ne répondent plus à la réalité.
«Les budgets pour le personnel pour l’année 2024-2025 sont alloués en fonction du nombre d’élèves inscrits au 30 septembre de l’année précédente», ont énoncé Tracy Beaulieu et Jonathan Mosher, respectivement directrice générale et directeur des ressources humaines à la PSB, une incongruité, selon eux et selon les dirigeants de la CSLF.
«Pour nous en particulier, cela a toujours été un problème parce que nos inscriptions ont connu une hausse constante, sans arrêt. À la PSB, cette façon de faire a été avantageuse dans les années où leurs inscriptions déclinaient. Maintenant, avec la croissance et les arrivées d’immigrants en grand nombre tout au long de l’année, cette date du 30 septembre d’une année pour l’année suivante ne marche plus du tout», ont indiqué Nathalie Malo et Eric Morency, respectivement directrice des ressources humaines et directeur des communications à la CSLF.
Les députés membres du Comité permanent de l’éducation et de la croissance économique ont semblé d’accord avec cette évaluation. «Le dernier jour de classe donnerait une meilleure idée des besoins à la rentrée suivante», a soutenu le député Gord McNeilly, prenant pour exemple une école de sa circonscription où il y avait 60 élèves de plus à la fin de l’année qu’au début.
Dans sa présentation devant le comité permanent, le directeur général de la CSLF, Ghislain Bernard, a répété qu’il est de plus en plus difficile de recruter des enseignants. «Grâce au travail acharné des directeurs d’école et du personnel du conseil scolaire, nous avons réussi à pourvoir presque tous nos postes d’enseignants. Actuellement, la CSLF emploie 151 enseignants, dont deux ne sont pas certifiés. En outre, nous avons 36 postes d’assistants éducatifs, dont sept sont occupés par du personnel non certifié. En préparation de l’année scolaire 2024-25, la CSLF a embauché 16 nouveaux enseignants - huit des Provinces maritimes, six d’ailleurs au Canada et deux avec des visas de travail internationaux», a spécifié le responsable, notant que six de ces nouveaux enseignants sont issus de la plus récente cohorte du programme de baccalauréat accéléré en éducation de UPEI.
Bassin réduit pour les suppléants
À la CSLF, les personnes qui figurent sur les listes de suppléants sont des enseignants à la retraite ou des personnes non certifiées. «Il n’y a pas d’enseignants certifiés actifs en attente d’un contrat de travail. Le recrutement, pour les années à venir, est une préoccupation pour le conseil scolaire.»
De plus, dit-il, compte tenu du grand nombre de départs à la retraite prévus, il est impératif que les partenaires éducatifs de l’Île-du-Prince-Édouard trouvent des moyens d’encourager les jeunes à considérer l’enseignement comme une profession. Sans intervention explicite, il est difficile d’envisager une amélioration significative. «La mise en œuvre de stratégies de recrutement à court et à moyen terme sera essentielle pour répondre à ce besoin urgent», a-t-il indiqué.
Dans un échange en français initié par le député libéral Gord McNeilly, Ghislain Bernard a pu préciser que le Québec, qui était autrefois un bassin de candidats, ne l’était plus depuis un moment, étant aux prises lui aussi avec une pénurie.
Au chapitre de la suppléance, la PSB dit avoir un bassin suffisant de personnel. «Cela dépend toujours du besoin. Chaque jour c’est différent. Nous avons des taux d’absentéisme qui varient beaucoup. Il se peut qu’une journée nous ayons suffisamment de suppléants et que le lendemain, nous en manquions», a dit Tracy Beaulieu, directeur général de la PSB.
Au cours des discussions entre les députés et les représentants des deux commissions scolaires, de nombreux enjeux ont été soulevés : la valorisation de la profession, le mieux-être et la santé mentale en général du personnel et la violence qui devient de plus en plus réelle, parmi d’autres.