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Par Marine Ernoult IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Des immigrants inquiets des modifications apportées aux règles d’immigration de la province continuent de se mobiliser pour faire plier le gouvernement de Dennis King. (Photo : Marine Ernoult)

Depuis début mai, Charlottetown est en proie à un bras de fer d’un genre nouveau. Environ 600 travailleurs immigrants contestent la nouvelle politique d’immigration du gouvernement provincial. Manifestations, grève de la faim, sit-in devant le parlement provincial, ils multiplient les actions pour obtenir leur résidence permanente et rester dans la province. 

«C’est vraiment difficile, mon permis de travail est sur le point d’expirer et avec le gouvernement qui change ses règles du jour au lendemain, ça met en péril ma résidence permanente», s’inquiète Monpreet, originaire d’Inde, arrivée à l’Île-du-Prince-Édouard  il y a un an et demi. 

La jeune femme de 23 ans est au côté d’une dizaine d’autres immigrants devant l’Assemblée législative de l’Î.-P.-É. à Charlottetown. Assis sur des couvertures à même le sol, une bâche bleue les protège de la pluie et du vent. 

Depuis plus d’un mois, ces hommes et ces femmes, venus principalement d’Inde, protestent contre les changements que la province a apportés à sa politique d’immigration. 

En février dernier, le gouvernement de Dennis King a décidé de réduire de 25% le nombre de candidats qu’il invite à présenter une demande de résidence permanente auprès du ministère fédéral Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. 

Sans nous, «les Insulaires n’auraient pas leur café servi aussi vite»

Les changements touchent surtout les immigrants qui travaillent dans les secteurs des services et du commerce : le nombre de nominations provinciales a baissé de 855 à 215 pour les travailleurs de ces domaines.  «Sans nomination de la province, nous n’avons pas assez de points pour obtenir notre résidence permanente», résume Monpreet. 

«C’est injuste ce qui nous arrive. Si nous ne sommes pas des enfants d’insulaires, nous sommes au moins des personnes et nos droits doivent être respectés», poursuit Sachindeep Sing, qui habite à Summerside depuis deux ans. 

Le jeune homme souligne le rôle crucial que la main-d’œvre immigrante joue dans l’économie insulaire : «Si nous n’étions pas là pour travailler à Tim Hortons, Walmart ou Canadian Tire, il n’y aurait pas le même niveau de service. Le matin, en allant au travail, les Insulaires n’auraient pas leur café servi aussi vite.»

Les manifestants, présents à l’île depuis des années, revendiquent l’application d’une clause de droit acquis, dite grand-père, qui leur permettrait d’être exemptés des nouvelles règles. 

«On a créé notre vie ici, on ne veut pas partir»

Pour attirer l’attention du gouvernement provincial, ils ont entamé une grève de la faim. Environ 60 d’entre eux prennent le relais, selon les organisateurs. 

«J’espère qu’ils vont finir par entendre raison, leur décision a affecté beaucoup de vies, observe Mohit, installé depuis trois ans à l’Î.-P.-É. Des familles souffrent alors qu’elles étaient venues ici pour construire un avenir meilleur.»

Le trentenaire, qui a déjà sa résidence permanente, est venu soutenir les membres de sa communauté.

En face de lui, Sachindeep Sing rappelle avec force le courage qu’il faut pour immigrer : «C’est très difficile, lorsque vous n’avez pas toute votre famille, aujourd’hui ça fait longtemps qu’on vit au Canada, on s’est intégré, on a créé notre vie ici, on ne veut pas partir.»

Fin mai, l’Office de l’immigration de l’Î.-P.-É. a promis d’examiner une à une les demandes des manifestants. Devant le parlement provincial, ils restent optimistes et témoignent du soutien répété d’un grand nombre d’insulaires. Ils viennent d’ailleurs de recevoir l’appui des chambres de commerce de Summerside et Charlottetown.  

2-Campement.jpgLes manifestants se sont installés devant l’Assemblée législative de l’Î.-P.-É. à Charlottetown. (Photo : Marine Ernoult)

3-Mohit_Monpreet.jpgMohit (à gauche) a déjà obtenu sa résidence permanente, il est venu en soutien. À ses côtés, Monpreet (à droite) s’inquiète de devoir quitter le Canada quand son permis de travail temporaire expirera. (Photo : Marine Ernoult)

4-Sachindeep_Sing.jpgSachindeep Sing témoigne de l’inquiétude de sa famille restée en Inde. (Photo : Marine Ernoult)

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