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Par Marine Ernoult / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Rosalind Waters (à d.) participe à la manifestation propalestinienne avec une amie. Elle s’inquiète particulièrement du sort des millions de réfugiés palestiniens. (Photo : Marine Ernoult)

Le mercredi 15 mai, une quarantaine de manifestants se sont réunis sur l’avenue Université, à Charlottetown pour commémorer la Nakba, qui désigne le déplacement forcé de 700 000 Palestiniens à la création de l’État d’Israël en 1948. À l’heure où la guerre entre Israël et le Hamas fait rage, cette journée de commémoration avait une portée particulière. 

Sur l’avenue Université, à Charlottetown, une quarantaine de personnes scandent «Palestine libre» et arborent des pancartes réclamant la «Fin de l’occupation» ou encore la création d’un «État palestinien». De nombreux klaxons d’automobilistes leur répondent. 

En ce 15 mai, les manifestants sont réunis pour commémorer le 76e anniversaire de la Nakba («catastrophe»), autrement dit l’exode forcé des Palestiniens en 1948, lors de la création de l’État d’Israël.

Manifestation Nakba 1

«Nous sommes ici pour manifester notre solidarité avec le peuple palestinien», explique Zain Esseghaier, l’un des organisateurs du rassemblement. 

«C’est le moins que nous puissions faire au vu de ce qui se passe à Gaza, ajoute à ses côtés H.H., ancienne étudiante à l’Université de l’Île-du-Prince-Édouard, originaire de Syrie. J’espère que nous réussirons à faire pression sur les gouvernements, à faire entendre notre voix auprès d’un plus grand nombre de personnes.»

Zain Esseghaier manifestation

Zain Esseghaier a co-organisé le rassemblement pour commémorer le 76e anniversaire de la Nakba. (Photo : Marine Ernoult)

Alors que la guerre fait rage depuis huit mois à Gaza, la Nakba a, cette année, une signification particulière aux yeux des manifestants. 

«Il faut que les choses changent, les Palestiniens n’ont jamais été correctement traités, leur problème n’a jamais été correctement reconnu par la communauté internationale», affirme Rosalind Waters. 

Manque de soutien politique 

«Ils sont des citoyens de seconde zone et des millions d’entre eux sont contraints à l’exil et se voient encore refuser leur droit au retour par Israël», ajoute l’insulaire qui témoigne de «sentiments amers».

H.H. estime, elle aussi, que la guerre actuelle entre Israël et le Hamas «est l’affaire de tous» : «C’est un drame humanitaire, tout le monde doit se sentir concerné, même à des dizaines de milliers de kilomètres. Ce sont majoritairement des civils qui meurent.»

Les Palestiniens tués dans la bande de Gaza sont en grande majorité (entre 56 % et 60 %) des femmes et des enfants, selon une estimation de l’Organisation des Nations unies (ONU), sur la base des chiffres du ministère de la santé de Gaza, administré par le Hamas. Depuis le 7 octobre 2023, le conflit a fait 35 173 morts. 

Les manifestants présents saluent également la mobilisation des étudiants à travers le monde, qui demandent l’arrêt des bombardements israéliens à Gaza. Un campement pro-Palestine s’est notamment installé sur le campus de McGill, à Montréal. 

«Ce sont des jeunes courageux, j’espère qu’ils continueront sur leur lancée et que ce mouvement prendra de l’ampleur à l’extérieur des universités», témoigne Rosalind Waters. 

De son côté, H.H. aimerait qu’un mouvement de contestation étudiant voie le jour sur le campus de l’Université de l’Î.-P.-É.

«Il est temps de montrer plus de soutien à la population de Gaza. Les politiques, même locaux, doivent aussi faire entendre leurs voix pour réclamer un cessez-le-feu», plaide la jeune femme.

Manifestation Nakba 2

Manifestation Nakba 3

Le mercredi 15 mai, une quarantaine de personnes se sont rassemblées en face de l’Université de l’Î.-P.-É. pour dénoncer la situation à Gaza. (Photo : Marine Ernoult)

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La Nakba, grande déchirure de la Palestine

Quand, en 1947, l’Empire britannique décide de se débarrasser de la Palestine mandataire et de confier le dossier aux Nations unies, 650 000 juifs sont établis en Palestine. Les Palestiniens arabes représentent autour de 1,2 million à 1,4 million de personnes.

En novembre 1947, l’Assemblée générale de l’ONU vote la partition du territoire en deux États indépendants : l’un, juif, s’étendant sur près de 55 % du territoire ; l’autre arabe, sur près de 40 % des terres – Jérusalem bénéficiant d’un statut de ville internationale. 

Si les dirigeants sionistes accueillent favorablement la partition, les élites palestiniennes et les gouvernements arabes la rejettent. Après plusieurs mois de combats et de déplacements de populations, la déclaration d’indépendance israélienne, le 14 mai 1948, provoque l’intervention directe des armées des pays arabes voisins pour tuer dans l’œuf le nouvel État. Mais elles sont repoussées puis vaincues.

De novembre 1947 à l’issue la guerre, en juin 1949, jusqu’à 750 000 Palestiniens quittent, fuyant ou expulsés, les territoires sous contrôle israélien, leurs biens sont saisis. C’est la Nakba.

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