Le lundi 8 avril, la lune recouvrira totalement le Soleil durant quelques minutes, plongeant l’ouest de l’Île-du-Prince-Édouard dans le noir. Cette éclipse solaire totale est un phénomène astronomique exceptionnel, qui disparaîtra dans des centaines de millions d’années.
Le 8 avril prochain, une éclipse solaire totale plongera, vers 16 h 30, des milliers d’insulaires dans l’obscurité. Autrement dit, le soleil disparaîtra pendant quelques minutes dans l’ombre de la lune. Ce phénomène se produit lorsque la lune, la Terre et le soleil sont parfaitement alignés.
Notre satellite naturel masquera d’abord l’intégralité du soleil au Mexique puis l’ombre lunaire recouvrira un étroit couloir aux États-Unis avant d’achever sa course sur une partie du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard, de Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve.
«À l’île, le cœur de l’éclipse sera dans l’ouest, entre West Cape et Tignish, mais toute la province verra une éclipse partielle, avec le soleil partiellement dans l’ombre», détaille Francis Leblanc, professeur d’astrophysique à l’Université de Moncton.
L’éclipse solaire totale en 1999 vue de France. (Photo : Luc Viatour, Wikimedia Commons)
Se protéger les yeux
Ce spectacle n’est cependant pas observable à l’œil nu. L’astrophysicien insiste sur le port de lunettes de protection spécifiques avec des filtres adaptés.
Les rayons ultraviolets et infrarouges du soleil sont en effet toujours aussi dangereux pour les yeux, malgré la baisse de luminosité, et peuvent engendrer des séquelles oculaires irréversibles.
Le phénomène astronomique durera environ deux heures. Pendant une heure, la lune s’alignera progressivement avec le soleil avant de le cacher en totalité.
Lorsque cela se produira, notre satellite naturel sera à l’exacte bonne distance pour apparaître de la même taille que le soleil : il sera alors 400 fois plus proche de la Terre que le soleil, mais également 400 fois plus petit.
«Le moment où la lune mas que parfaitement le soleil peut durer jusqu’à sept minutes. Pour cette éclipse, on pense que ça durera environ trois minutes», précise Francis Leblanc.
«Pour les gens au bord de l’éclipse, à Kensington par exemple, ça sera probablement moins long, quelques secondes ou une minute peut-être», ajoute le scientifique.
Pendant l’heure qui suivra, la lune s’éloignera graduellement du soleil.
Francis Leblanc est professeur d’astrophysique à l’Université de Moncton. (Photo : Gracieuseté)
Attente de plus de 50 ans
Francis Leblanc a déjà assisté à une éclipse totale en 2002 en Afrique du Sud. Il se souvient d’un sentiment étrange doublé d’une atmosphère très impressionnante : «La nuit s’installe en quelques secondes, la faune devient tranquille, les oiseaux s’arrêtent de chanter, l’air se rafraîchit.»
Les éclipses solaires totales restent rares. La dernière observée en région Atlantique remonte à juillet 1972 et la prochaine aura lieu en 2079.
«Elles couvrent une toute petite bande d’ombre d’environ 200 kilomètres de large sur le globe terrestre, rappelle Francis Leblanc. Il faut vraiment être au bon endroit au bon moment pour en voir une. Parfois, elles se produisent dans des zones inhabitées ou au-dessus de l’océan.»
Les éclipses totales du soleil sont même amenées à disparaître. À raison de trois centimètres par an, la lune s’éloigne progressivement de la Terre.
Viendra un moment, dans quelque 650 millions d’années, où elle sera devenue trop petite pour masquer entièrement un roi Soleil qui grossit également de son côté.