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Par Claire Lanteigne / IJL – Réseau.Presse – La Voix acadienne
Les chercheurs, Maurice Basque et Stéphanie Chouinard, ont présenté leur rapport «Dénomination de l’Université de Moncton.» (Photo : Claire Lanteigne)

Le document Dénomination de l’Université de Moncton, préparé par la politologue Stéphanie Chouinard et l’historien Maurice Basque, a été dévoilé vendredi dernier. Les deux chercheurs ont exposé les grandes lignes du rapport qu’ils ont écrit pour le Conseil de l’Université à propos d’un éventuel changement de nom de l’établissement.

Ils répondaient ainsi au mandat donné par le Conseil de l’université soit d’examiner les aspects sociohistorique, politique, social, réputationnel, juridique et économique d’un changement de dénomination d’une université et son impact sur l’Université de Moncton. Ce rapport a été commandé au printemps à la suite d’une pétition signée par plusieurs centaines de personnalités qui demandaient que l’institution abandonne son nom actuel.

L’historien Maurice Bourque a tout d’abord exposé les faits sur Robert Monckton. L’officier britannique a supervisé la déportation des Acadiens de l’isthme de Chignectou sous les ordres du lieutenant-gouverneur de la Nouvelle-Écosse, Charles Lawrence. Ses troupes ont incendié des villages et commis des actes de cruauté.

M. Basque a ensuite raconté comment l’administration provinciale a baptisé la Ville de Moncton en référence à celui qui avait une réputation de héros de guerre, bien que l’appellation perdît la lettre k à cause de l’erreur d’un greffier. Il a expliqué le compromis qui a conduit une institution acadienne à s’appelerUniversité de Moncton, d’après la ville où se trouve son campus principal. Il a enfin rappelé les nombreuses remises en question du nom jusqu’à aujourd’hui.

La professeure de science politique, Stéphanie Chouinard, a résumé les questions qui ont guidé les études à propos de la dénomination d’universités sur lesquelles elle s’est informée. Elle a cité des exemples au Canada, aux États-Unis et en Europe. 

Elle a indiqué que c’était pour eux un sujet polarisant, d’après les 92 textes d’opinion publiés dans les médias traditionnels qu’ils ont recensés entre février et octobre. «On en dénombrait 35% en faveur du changement, 18% pour le statu quo et les autres étaient neutres», a-t-elle poursuivi.  Elle a, de plus, fait valoir la quasi-absence de l’opinion d’étudiants dans les médias traditionnels depuis la relance du débat par le militant nationaliste, Jean-Marie Nadeau, au début de l’année. 

«C’est une bonne pratique de favoriser un processus démontrant qu’il est important pour l’institution d’entendre toutes les opinions sur son nom original avant de prendre une décision sur la suite des choses», ont souligné les deux chercheurs. L’absence des étudiants dans le débat a été qualifiée d’angle mort. «Ce sont elles et eux qui hériteront de cette décision pour la postérité, et qui décideront, à leur tour, de l’avenir de notre institution», d’ajouter Mme Chouinard.

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Page couverture du rapport Dénomination de l’Université de Moncton.

Un changement de nom onéreux ? 

Aidés par un professeur d’économie émérite de l’Université de Montréal, François Vaillancourt, les chercheurs ont déterminé que changer le nom de l’université pourrait coûter jusqu’à 4,6 millions de dollars.

Leur calcul laisse notamment de côté la possible baisse d’inscription, en particulier provenant de l’international pendant les premières années suivant un changement de nom. Ils estiment difficile de jauger le risque ou l’avantage qu’une telle décision aurait sur le capital de marque de l’institution (la fidélité de ses membres, sa notoriété, son image). Ils ont fait valoir que la proportion d’étudiants étrangers à l’U de M est de 35% et ce sont eux qui permettent à l’établissement d’augmenter ses revenus.

Militants satisfaits

Les co-présidents du Comité citoyen sur le nom de l’U de M, Jean-Marie Nadeau et Lise Ouellette, ont été agréablement surpris par la neutralité du rapport. Mme Ouellette a souligné qu’ils ont fait un travail rigoureux et intéressant tandis que M. Nadeau ajoutait qu’on leur laisse une marge de manœuvre. Il trouve cependant malheureux qu’on ait peu fait référence au soutien populaire qui est important, selon lui, pour un changement de nom de l’Université de Moncton.  

Le comité de citoyens qui milite pour faire changer le nom de l’Université de Moncton s’est réuni dimanche matin pour étudier le rapport plus en détail. Mme Ouellette a dit s’interroger sur les coûts évoqués par les auteurs. «On aimerait que ce soit plus bas, évidemment», dit-elle. «Même à 4,6 millions, ce n’est pas une barrière au changement de nom.» Elle ajoute qu’il y a probablement des dépenses qui sont trop élevées dans le rapport et qui ne sont pas nécessairement pertinentes. Il faudrait faire une étude plus approfondie de la question des coûts.

Ce document doit permettre au Conseil de l’Université de prendre une décision éclairée sur la mise en œuvre ou non d’un exercice de réflexion public sur la dénomination de l’Université de Moncton. Le Conseil tiendra sa prochaine réunion le 9 décembre.

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