À deux ans du terme officiel de son mandat, le premier ministre libéral, Justin Trudeau, a décidé, le dimanche 15 août, de déclencher des élections fédérales. En région atlantique et à l’Île-du-Prince-Édouard, les libéraux sont en très bonne posture en vue du scrutin du 20 septembre selon le politologue Don Desserud.
«Le Canada atlantique est un terrain fertile pour les libéraux de Justin Trudeau, ils ont carrément remporté les 32 circonscriptions en 2015, et je pense que ça va se confirmer pour ce nouveau scrutin», assure Don Desserud, politologue de l’Université de l’Î.-P.-É. Dans moins de cinq semaines, les Canadiens sont appelés aux urnes pour renouveler la Chambre des communes à Ottawa.
À l’Île-du-Prince-Édouard, les libéraux dominent les scrutins fédéraux depuis 1988. Lors des deux dernières élections, ils ont raflé les quatre circonscriptions. Pour Don Desserud, ils vont conserver leur ancrage. «Je n’anticipe pas de changements majeurs, mais cela ne sera peut-être pas aussi facile que les dernières fois, il pourrait y avoir des défaites inattendues», prévient le politologue. Deux circonscriptions sont à surveiller selon ce dernier : Malpeque et Charlottetown.
Malpeque et Charlottetown, deux circonscriptions à surveiller
À Malpeque, le député libéral Wayne Easter, qui siégeait à Ottawa depuis 1993, a décidé de ne pas se représenter. Les libéraux comptent désormais sur l’ex-ministre provincial Heath MacDonald. «Il est très populaire, reste à voir si sa popularité dépasse la circonscription provinciale de Cornwall, commente Don Desserud. C’est la grande question, les conservateurs et les verts y voient une opportunité.» Et d’ajouter : «Quand un homme politique se retire après des années de mandat, les gens se disent souvent qu’il est temps de changer. Ils connectent le départ du député avec le départ du parti».
Dans la capitale provinciale, le député libéral sortant Sean Casey, qui tente de décrocher un quatrième mandat consécutif, sera opposé au conservateur Doug Curry, un ancien ministre libéral provincial. «Doug Curry est bien connu, arrivera-t-il à transférer, au niveau fédéral, certains soutiens locaux qu’il a en tant que libéral?», avance Don Desserud. «Mais puisqu’il est passé du Parti libéral au Parti conservateur, les électeurs ne lui feront pas forcément confiance.» Une autre circonscription intéressante aux yeux du spécialiste, c’est Egmont, la seule à avoir échappé aux libéraux en 33 ans. Le siège de député a été occupé par la conservatrice Gail Shea de 2008 à 2015.
Stephen Harper, «encore dans toutes les têtes»
En réalité, les conservateurs souffrent d’un problème fondamental à l’Î.-P.-É. selon Don Desserud : la popularité des progressistes-conservateurs à l’échelle provinciale ne se traduit pas en vote pour les conservateurs à Ottawa. «Leurs supporters sont probablement les mêmes, mais les deux partis tentent de se distinguer, ils ne sont pas sur la même ligne», affirme-t-il.
Ces dernières semaines, le chef conservateur Erin O’Toole a tenté de convaincre les Prince-Édouardiens qu’il se souciait de leurs intérêts. «Mais la période Stephen Harper est encore dans toutes les têtes, et à cette époque, le dénigrement des conservateurs pour la région Atlantique était total. Le comportement électoral des insulaires va prendre du temps pour changer», assure le politologue.