Après les gouvernements provinciaux et territoriaux de la Colombie-Britannique, de la Nouvelle-Écosse et du Yukon, le gouvernement de l’Île-du-Prince-Édouard est le 4e à signer, en deux semaines, une entente avec le gouvernement fédéral sur les services de garde. L’entente s’étale sur cinq ans, mais le premier ministre Dennis King promet d’atteindre l’objectif de 10 $ d’ici trois ans, en réduisant les frais aux parents par palier. L’entente permet des investissements dans les salaires, la création de places en garderie, l’accréditation de nouveaux centres et la formation de la main-d’œuvre. De quoi satisfaire pas mal de monde.
Au plus tard en décembre 2024, les parents de l’Île-du-Prince-Édouard paieront 10 $ par jour en moyenne pour leurs services de gardes. D’ici à ce que cet objectif soit atteint, les prix seront réduits par paliers : 25 $ par jour, d’ici janvier 2022, 20 $ par jour d’ici octobre 2022, et 10 $ d’ici décembre 2024. En ce mois de juillet 2021, les prix quotidiens en services de garde sont de 34 $ de 0 à 22 mois, de 28 $ et 27 $ pour les autres catégories d’âge.
En conférence de presse le 27 juillet au Carrefour de l’Isle-Saint-Jean, à l’intérieur du centre de la petite enfance (CPE) L’Île enchantée, les premiers ministres et ministres ayant participé aux négociations étaient réunis dans l’espace contigu pour briller sous les caméras des journalistes et gagner des points en prévision d’une éventuelle campagne électorale.
Le premier ministre Justin Trudeau a affirmé que son gouvernement travaille sur le dossier des services de garde puis plusieurs années. «Mais… il fallait la pandémie que pour ça devienne une priorité, pas juste pour le gouvernement libéral et les provinces, mais aussi pour le secteur des affaires et les économistes, qui comprennent finalement, comme nous le comprenons depuis longtemps, que ce n’est pas un programme social, mais un investissement dans l’économie globale du pays, dans le contexte de la relance post pandémie», a indiqué Justin Trudeau. Ce dernier était par ailleurs très heureux d’appuyer son affirmation par le fait que sur les quatre ententes conclues jusqu’à présent, l’une a été avec un gouvernement néo-démocrate, une avec un gouvernement libéral et une avec un gouvernement progressiste conservateur. «Ce sont des négociations très positives qui vont au-delà des lignes partisanes», a-t-il ajouté.
Un fait que le premier ministre Dennis King a lui aussi mentionné dans son allocution, vantant l’excellente relation de son gouvernement PC avec le gouvernement fédéral libéral, pendant la pandémie et à nouveau sur la question des services de garde enfants. «Lorsque j’ai parlé au premier ministre de notre projet d’établir un système universel de prématernelle, il s’est montré très intéressé, et je vous annonce, monsieur le premier ministre, que notre système de prématernelle sera inauguré ce septembre 2021», a lancé le premier ministre King, avec un regard vers son homologue fédéral.
Quelques détails de l’entente
L’entente prévoit notamment des hausses des salaires pour tous les niveaux d’éducateurs, jusqu’à 4 $ de plus l’heure pour les éducateurs pleinement formés, pour un salaire d’environ 25 $ l’heure, à partir d’octobre prochain. «À partir de ce salaire, ça commence à être motivant pour les éducateurs de compléter leur formation», souligne Kathleen Couture de l’Association des centres de la petite enfance francophones de l’Île.
D’ailleurs, au cours des deux premières années, l’entente prévoit l’octroi de plus de 400 bourses d’études postsecondaire à des éducateurs et éducatrices qui voudraient compléter leur formation, autant au Collège de l’Île qu’au collège communautaire anglophone, le Holland College. 60 bourses seront réservées à des personnes de langue officielle en milieu minoritaire, des Noirs, Autochtones et autres personnes racialisées issues de communautés sous représentées.
Les hausses des salaires vont aussi toucher les postes de direction, selonles années d’expérience et les cuisiniers et cuisinières dans chaque centre. Également, l’entente prévoit du financement pour créer un poste additionnel dans chaque centre.
Tout comme l’Association des centres de la petite enfance francophones de l’Î.-P.-É. l’avait fait il y a quelques années, l’entente propose de créer un incitatif pour ramener dans le secteur les personnes qui l’ont quitté, de créer un plan de pension pour les inciter à rester.
Au cours des deux prochaines années, c’est-à-dire jusqu'en mars 2023, 452 places supplémentaires seront créées, portant à 5 000 le nombre de places en CPE accrédité. Également, durant l’année financière 2022-2023, les autorités commenceront à explorer les manières d’offrir aux parents qui ont des horaires de travail irréguliers des solutions de garde pour leurs enfants. Un assortiment de plusieurs mesures vise aussi les garderies en milieu familial.
L’entente de 121 millions de dollars a été négociée en quelques semaines intenses entre l’équipe du ministère de l’Éducation et de l’Apprentissage continu de l’Î.-P.-É., menée par la ministre Natalie Jameson, et l’équipe du ministère de la Famille, des Enfants et du Développement social à Ottawa, menée par le ministre Ahmed Hussen.
Ce dernier a d’ailleurs affirmé avoir particulièrement apprécié de travailler avec Na-talie Jameson, qui s’est révélée une négociatrice ambitieuse et déterminée. Pour cette jeune ministre, mère de deux enfants qui fréquentent le centre de la petite enfance l’Île enchantée où avait lieu l’annonce, il ne fait pas de
doute que ces investissements auront un effet immédiat sur les familles de l’Île-du-Prince-Édouard et, en particulier, sur les femmes qui non seulement constituent la plus gran-de partie de notre main-d’œuvre en matière de services d’apprentissage et de gar-de des jeunes enfants, mais qui ont également assumé le rôle de principal fournisseur de soins pendant cette pandémie.
«Notre plan pour les services d’apprentissage et de garde des jeunes enfants est axé sur l’augmentation de l’abordabilité et de l’accessibilité, l’amélioration de la qualité et le soutien de la diversité croissante de notre province, afin que chaque enfant ait les mêmes possibilités et puisse avoir le meilleur départ possible dans la vie. Je suis impatiente de continuer à travailler avec les familles, les communautés, le secteur de la petite enfance et le gouvernement du Canada pour y parvenir», a dit Natalie Jameson.
Lors de la conférence de presse du 27 juillet au Carrefour de l’Isle-Saint-Jean, on voit, de gauche à droite, Justin Trudeau, premier ministre du Canada, Dennis King, premier ministre de l’Î.-P.-É., Natalie Jameson, ministre de l’Éducation et de l’Apprentissage continu, et Kathleen Couture, directrice de l’Association des centres de la petite enfance francophone de l’Î.-P.-É.