Le 8 décembre 2020
-Laurent Rigaux
Peter Bevan-Baker trouve que les nouveaux services proposés en français à l’Île sont «décevants». «J’imagine que, dans la communauté francophone, ils espéraient plus que cela», lance le leader des verts.
Le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard a déposé, mardi 1er décembre, le rapport 2019-2020 sur les services en français. Alors que Dennis King se félicite de la progression des services offerts dans les deux langues, le leader de l’opposition officielle s’est dit déçu par le peu de nouveautés.
«L’importance de rendre l’information disponible dans les deux langues pour les Insulaires, en particulier ceux de la communauté acadienne et francophone, a été très claire», lance Dennis King à l’Assemblée législative de l’Î.-P.-É., en début de semaine passée, en évoquant les «défis en matière de santé publique» posés par la pandémie de COVID-19. Le premier ministre rend aussi hommage à Heather Morrison, «qui communique avec les Insulaires en anglais et en français» et «au travail acharné de quelques fonctionnaires incroyables» qui s’assurent que les francophones puissent accéder aux informations dans leur langue.
Plus d’employés bilingues, mais pas plus de postes désignés
Le rapport sur les services en français, déposé à cette occasion, le montre clairement : les traducteurs et traductrices de la province n’ont pas chômé. En 2019-2020, plus d’un million trois cent mille mots ont été traduits, en grande partie de l’anglais vers le français. Le nombre de pages accessibles en français sur le site du gouvernement augmente (+23 % en un an). Même chose pour les services en ligne offerts dans les deux langues :il y a en a maintenant 95, contre 85 l’an dernier.
Le nombre d’employés bilingues ne cesse d’augmenter. Ils étaient, au 31 mars 2020, 359 à parler anglais et français, contre 306 l’année précédente. Par contre, le nombre de postes désignés bilingues n’augmente pas, ou peu : 142 en 2017, 141 en 2018, 146 en 2019 et 148 en 2020.
Car du côté des services officiellement proposés dans les deux langues, il y a peu de nouveautés. Quatre nouveaux services sont maintenant proposés en français, mais ce sont des services uniquement en ligne : le formulaire pour obtenir une carte de bibliothèque publique, celui pour obtenir un prêt entre bibliothèques, celui pour suggérer l’achat d’ouvrages par une bibliothèque, et celui pour obtenir des services accessibles dans une bibliothèque.
Des services dans toute la province
Pas assez pour satisfaire le leader de l’opposition officielle, qui se dit «déçu». Peter Bevan-Baker reconnaît le «travail extraordinaire» de la médecin hygiéniste en chef et les progrès réalisés «depuis que l’ancien commissaire aux services en français a démissionné il y a environ quatre ou cinq ans par frustration parce que les choses n’allaient pas si vite». Mais au sujet des nouveaux services désignés bilingues concernant les bibliothèques, le chef des verts lâche : «J’imagine que, dans la communauté francophone, ils espéraient plus que cela.»
Le jeudi 3 décembre, Peter Bevan-Baker confie en entrevue : «Après quelques années de progrès, je trouve ça un peu décevant.» Il aimerait voir plus de services offerts en français dans toute la province, et «pas seulement dans la région Évangéline», citant les centres Accès Î.-P.-É. en exemple. À l’heure actuelle, seul celui de Wellington propose officiellement un service en personne dans les deux langues. Du côté de la santé, le foyer Summerset à Summerside est le seul établissement public de soins longue durée désigné bilingue à l’Île. Dans les autres régions de la province, les francophones ne peuvent compter que sur la ligne 811 s’ils souhaitent parler en français.
Pourtant, il y a plus de francophones à Charlottetown qu’à Summerside, Wellington et Abram-Village réunis. Les personnes déclarant le français comme langue maternelle sont 1315 dans la capitale contre 1270 dans les trois autres villes. Et la différence est plus importante encore si l’on considère les personnes bilingues (8935 contre 2780)*.
Le leader par intérim des libéraux, Sonny Gallant, rappelle de son côté l’importance de «continuellement réviser la loi sur les services en français pour s’assurer que les besoins de la communauté soient satisfaits».
* Les chiffres sont ceux de 2016 dans l’agglomération de Charlottetown (qui comprend Stratford et Cornwall), dans l’agglomération de Summerside (avec Miscouche), et dans les municipalités de Wellington et d’Abram-Village. Ils correspondent aux personnes déclarant connaître les deux langues officielles et à ceux déclarant le français comme langue maternelle.
Le premier ministre a déposé le rapport 2019-2020 sur les services en français. Dennis King a rendu hommage au «travail acharné de quelques fonctionnaires incroyables» grâce à qui il y a de plus en plus d’informations fournies dans les deux langues officielles.