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Le 28 avril 2020

- Par Jacinthe Laforest

Les producteurs laitiers sont régis par le système d’offre et de demande et la demande (humaine) a été réduite ces temps-ci.  Amber Craswell, membre du bureau de direction de Dairy Farmers of PEI, affirme que les producteurs de l’Île n’ont pas eu besoin de jeter du lait, contrairement à d’autres provinces.  (Photo : blog.heatherogg.com)

 

La pandémie de COVID-19 a entraîné des fluctuations rapides et imprévues de demandes pour de nombreux produits, notamment le lait et les produits laitiers.  La fermeture presque complètedu secteur de la restauration et l’évolution des habitudes d’achat dans les épiceries, en particulier, ont eu des répercussions importantes sur la demande des principaux produits laitiers.

 

Partout au Canada, les producteurs et les transformateurs laitiers continuent à travailler avec leurs partenaires tout au long de la chaîne d’approvisionnement pour nourrir le pays alors que nous faisons tous face à des circonstances et des défis sans précédent.  De plus, les producteurs et les transformateurs laitiers font don de volumes importants de produits laitiers aux banques alimentaires afin de soutenir les Canadiens dans le besoin.

 

La dernière chose que les producteurs et leurs partenaires de la chaîne d’approvisionnement souhaitent, c’est de jeter du lait.  Jour après jour, à longueur d’année, les producteurs et les transformateurs se consacrent à l’approvisionnement du marché en lait nécessaire pour nourrir les Canadiens.

 

«C’est vraiment la dernière chose qu’on veut, dit Johnny Gallant, producteur laitier dans le petit village de St-Timothée dans la région Évangéline.  On est chanceux ici à l’Île que notre coopérative ADL est assez diversifiée et que jusqu’à présent, elle n’a pas été obligée de jeter du lait».

 

Amber Craswell, membre du bureau de direction de «Dairy Farmers of PEI» depuis le 2 avril, a confirmé que sur les cinq membres du regroupement «P5» qui inclut les producteurs de l’Île, du Nouveau-Brunswick, de la Nouvelle-Écosse, du Québec et de l’Ontario, l’Île est la seule province qui n’a pas eu besoin de jeter du lait cru.

«Ici, dans notre ferme, Crasdale Farms à Rustico, nous trayons normalement 100 vaches et nous avons réduit notre production.  Ça peut se faire de plusieurs façons.  Ici, au lieu de sevrer nos veaux à deux mois, on les laisse téter quelques semaines de plus.  Aussi, au lieu de cesser de traire les vaches 60 jours avant le vêlage, on arrête vers 75 jours.  C’est sûr que nous ne pouvons pas arrêter de traire une vache qui donne 60 litres de lait par jour.  Ça la rendrait malade et pour nous, la santé des animaux est très importante.  Mais quand une vache arrive à l’étape où elle donne peut-être 25 litres par jour, c’est possible d’ajuster sa nourriture pour faire descendre un peu sa production et arrêter de la traire sans danger pour elle», explique la productrice agricole. 

Du côté de St-Timothée, Johnny Gallant explique que tout repose sur le système de quotas.  «En général, on a un peu de flexibilité.  On a un an pour remplir le quota de la ferme.  Il y a des périodes où on produit moins et des périodes où on se rattrape en produisant un peu plus.  À notre ferme, on était en mode rattrapage quand tout ça a frappé.  Je n’ai plus du tout le droit de dépasser mon quota même si, sur l’année complète, je ne l’ai pas rempli».

 

Johnny Gallant et son petit-fils, Pascal, sur la ferme à Saint-Timothée.  (Photo : Gracieuseté)

 

Les Producteurs laitiers du Canada, l’organisme national qui regroupe toutes les provinces et les territoires, a reconnu, pour sa part, qu’au Canada, «les changements spectaculaires de la demande et les défis connexes qui se font sentir tout au long de la chaîne d’approvisionnement ont rendu nécessaire l’élimination d’une partie du lait cru, ce qui est extrêmement regrettable et difficile».

 

Le café sur le pouce manque à l’industrie laitière

 

Lorsqu’en se rendant au travail, on s’arrête prendre notre café double crème sur le pouce, on est loin de se douter que cela fait partie de l’équilibre de l’offre et de la demande qui régit la production laitière au Canada.  Mais c’est le cas.  «Le café chez Tims ou McDonald’s, les petites dosettes de crème, tout ça fait partie de la demande et c’est en grande partie là que la demande s’est presque arrêtée, sans avertissement», a indiqué Johnny Gallant, approuvé par Amber Craswell. 

 

«Ma fille jouait au hockey cinq fois par semaine.  Je n’y vais plus, donc je ne prends plus mon café à la cantine.  On n’y pense pas, mais tout cela entre sur le plateau de la balance»

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Le conseil d’administration des Producteurs laitiers du Canada rappelle pour sa part que «toute la chaîne d’approvisionnement travaille avec diligence pour réagir à ces chocs soudains et pour s’adapter aux changements de la demande de produits laitiers et d’autres aliments». 

 

 

Amber Craswell (ci-dessus) et Brian Craswell (ci-dessous) sont propriétaires de Crasdale Farms à Rustico.  (Photos : blog.heatherogg.com)

 

 

La coopérative ADL est assez diversifiée et, jusqu’à présent, elle n’a pas été obligée de jeter du lait. (Photo : Capture d’écran d’une vidéo)

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