Si on remonte assez loin dans la généalogie, à l’époque de la Déportation, on constate qu’un très grand nombre de Madelinots des Îles-de-la-Madeleine partagent les mêmes ancêtres que les Acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard. Une relation spéciale entre les francophones de ces deux magnifiques îles existe depuis des centaines d’années et cela se poursuit aujourd’hui de différentes manières.
Pour renforcer ces liens d’amitié, les Acadiens prince-édouardiens et madelinots ont plusieurs choses en commun, liées à leur état d’insulaires.
Un des meilleurs exemples de partage entre ces deux Îles est la formation Vishtèn qui comprend Pastelle et Emmanuelle LeBlanc de l’Î.-P.-É. et Pascal Miousse des Îles-de-la-Madeleine. Ce trio bien connu à l’international joue un style unique où on peut entendre des racines musicales de ces deux Îles.
Mais, avez-vous déjà vu Pascal Miousse danser? La danse traditionnelle n’est pas très populaire aux Îles-de-la-Madeleine. D’ailleurs, malgré la production d’un très grand nombre de musiciens de haute qualité, la danse traditionnelle n’existait pas du tout, sauf pour quelques vieillards qui se souvenaient de giguer à la vieille manière.
Î.-P.-É. allume le feu de la danse traditionnelle aux Îles
À l’automne 2012, lorsqu’une petite délégation de l’Île-du-Prince-Édouard s’est déplacée aux Îles-de-la-Madeleine, une graine a été semée… une graine qui continue de germer depuis ce temps.
«Ça a commencé pendant le lancement du livre des Faiseux de tounes», explique Tracy Arsenault de Cap-Egmont, enseignante de la danse traditionnelle. «Nous avions fait un atelier pour les adultes et une activité à l’École centrale de Havre-aux-Maisons pour les jeunes. Je me souviens bien que les filles avaient vraiment aimé l’expérience et qu’elles voulaient continuer d’une manière ou d’une autre».
Le problème, c’était qu’il n’y avait pas d’enseignantes de danse traditionnelle aux Îles-de-la-Madeleine, alors les filles de l’école ne pouvaient pas apprendre d’autres danses ou pratiquer ce qu’elles avaient appris.
«Elles ont toujours leurs souliers de danse à l’école et pratiquent entre elles», note Céline Miousse, mère dévouée qui a vu que sa fille s’intéressait vraiment à la danse traditionnelle. «Par chez nous, il n’y a pas de danse traditionnelle, alors c’est quelque chose de nouveau».
Par de grands efforts de la part des parents, l’initiative «Projet de réappropriation des danses traditionnelles aux Îles» a vu le jour en 2013. À quatre reprises, Tracy Arsenault s’est rendue aux Îles-de-la-Madeleine, parfois avec d’autres artistes de l’Î.-P.-É., afin de donner des ateliers de danse et de continuer à donner un souffle de départ aux jeunes filles qui voulaient danser.
Présentement, il y a deux troupes de danses traditionnelles à l’École centrale de Havre-aux-Maisons, «Les Jumpeuses» (élèves de 3e et 4e année et une de 6e année) et «Les Jumpettes» (maternelle et 1re année).
Camp chargé à l’Île-du-Prince-Édouard
À la fin 2013, Tracy a suggéré que les filles devraient venir à l’Île-du-Prince-Édouard pour un camp. La troupe des Jumpeuses et leurs parents ont fait des demandes de financement et des collectes de fonds et le camp a eu lieu du 17 au 19 mai à l’Î.-P.-É.
Dix participantes du groupe des Jumpeuses avaient un horaire assez chargé tout au long de cette longue fin de semaine. Des ateliers se sont déroulés sur deux pleines journées.
Les Steppeuses de l’Île-du-Prince-Édouard ont passé du temps avec les filles pour leur apprendre la gumboot (les filles ont toutes été acheter des bottes à Canadian Tire), les trois membres de Vishtèn sont venus enseigner un pas de danse assise, et plusieurs jeunes gigueuses de la région Évangéline ont participé aux ateliers avec les Madelinots.
«Le samedi soir, nous avons tripé sur la danse carrée», mentionne Céline Miousse. «Les filles ont vraiment eu bien du plaisir lors de cette soirée-là et c’est quelque chose que moi personnellement, je n’avais jamais vécu par chez nous.»
Après avoir fait une petite visite à la Maison des bouteilles et mangé de la râpure et du fricot le dimanche soir, les filles sont allées présenter un spectacle à la résidence des personnes âgées Le Chez-Nous, à Wellington, avec d’autres artistes locaux. Le tout a été très apprécié.
Avenir prometteur
«Maintenant, l’objectif c’est d’organiser quelque chose de plus régulier pour la prochaine année», déclare Céline Miousse. «Nous aimerions avoir une enseignante sur place qui pourrait guider nos filles à longueur d’année, parce qu’elles aiment tellement cela.»
Cet été, les petites troupes de danses traditionnelles des Îles-de-la-Madeleine auront quelques spectacles pour présenter leurs danses. De façon générale, elles ne sont pas encore connues et les Madelinots commencent seulement à se réapproprier ces beaux pas traditionnels.
Pour permettre aux Madelinots de visiter l’Île la semaine dernière, plusieurs commanditaires et organismes étaient impliqués et les participantes en étaient très reconnaissantes.
Les membres de Vishtèn étaient au Centre Goéland à Cap-Egmont pour faire apprendre une danse assise aux Jumpeuses.
- Par Nick Arsenault -